le "RÉTRO-VISEUR"

Autrefois, au temps des curés en soutane, les enfants de choeur, et seulement eux, pouvaient se permettre d'aller sonner aux portes durant la Semaine Sainte, pour quérir, parmi les paroissiens et les paroissiennes, une récompense de leur assiduité au service de la messe. La tradition voulait qu'on leur offrit des oeufs, et des oeufs et encore des oeufs si bien qu'après partage entre accolytes, leur mamans pouvaient cuire pour toute la maisonnée, une gigantesque omelette familliale provenant de la générosité des dévôts du village.
 
Aujourd'hui, cette tradition est tombée en désuétude depuis des lustres. Des comités des fêtes, la ville même, ont repris ces us à leur compte pour les métamorphoser en "course aux oeufs". Pour les bambins qui n'ont même pas la hauteur de trois pommes, n'est-ce pas mignon ? A les voir courrir muni de leur petit panier !  C'est déjà leur faire comprendre que la vie... si elle n'est pas encore une compétition, est déjà une course !
 
Avant les vacances de Pâques, ma petite-fille est rentrée de l'école gardienne, un gros oeuf de Pâques en mains.  Du chocolat, bien emballé enrubanné de jaune. "Mais que c'est beau !  C'est pour moi ?" – "Non, c'est moi qui l'ai fait ?"  En fronçant les sourcils, je l'ai regardée avec des yeux presqu'aussi grands de son oeuf !
Eh oui !  Après avoir lu l'étiquette attachée, j'eus la solution. La maîtresse dévoilait le procédé de réalisation de cet oeuf non comestible : un ballon de baudruche enveloppé de papier journal trempé de colle à tapisser. Après durcissement, l'oeuf est recouvert de bougie fondue mélangée à du cacao !
 
Fallait y penser !  Je veux surtout, par cette note, rendre hommage au dévouement, la patience et à l'ingéniosité de ces institutrices dont on ne doute pas la générosité et la tendresse !  Rien à voir avec la chasse aux oeufs !

Joyeuses Pâques !