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25 novembre 2014

UN KHAKI CHUM ?

Un dessin de circonstance, à l'approche de la "Christmas Truce". 
Si vous voulez en savoir plus sur ces BD, cliquez sur sur l'image ci-dessous.
CETTE CROIX, AVEC SA LEGENDE, M'INCITE A EN SAVOIR PLUS !

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15 juillet 2014

Devoir de mémoire… avec Isabelle, Eric et… Laura !

Comme indiqué au début de ce mois, Isabelle Masson-Loodts émettra demain mercredi 16 sur les ondes de "La Première" (RTBF - fréquence : 106 Hz), à 13 h 10,  son 11e épisode titré aux "Dernières nouvelles du Front" et consacré à la région de Plug-street. 

En février dernier, elle me contacta par mail pour me proposer une rencontre afin de "bavarder" au sujet du front de 14-18 autour des bois de Ploegsteert, de ce No Man's Land qui servit de décor à la fraternisation de Noël 1914, de cette maisonnette "squatée" par Bruce Bairnsfather, ainsi que de mon émotion partagée par ce bref poëme "Violets of Plugstreet" composé par un Tommie… tué quelques semaines après qu'il l'eut envoyé à ses parents. 

Ensemble, avec son "preneur du son", nous avons sillonné la "Regentstreet", la "Mud Lane" et bien d'autres chemins boisés ou campagnards qui sont, toujours et en toutes saisons, de toute beauté

Au terme de cette balade, Isabelle, la journaliste et Eric, l'homme au micro, se sont dit charmés par le décor buccolique qu'offre aujourd'hui les paysages entourés, à l'horizon, de la cathédrale de la Lys, de Messines, du mont de la Hutte, des Bois du Gheer, ainsi que de l'impressionnant Mémorial britannique et, ça et là, des nombreux cimetières silencieux.

DSC04487.JPGPour illustrer cette note, et traduire mon humble notion du "Devoir de Mémoire", j'ai choisi une photo de Laura qui s'inclina, à sa façon, devant les stèles blanches bien alignées. Elle s'étonna surtout des âges gravés dans la pierre. Avide de curiosité, elle me demanda :
- "Dis, Grand-père, pourquoi ils sont morts tous ces gens…? "

Mon coeur et ma sincérité lui ont répondu, simplement. 

02 juillet 2014

"Dernières nouvelles du Front"… à écouter en juillet !

Dans le cadre d'une émission radiophonique de La Première, Isabelle Masson-Loodts, journaliste a découvert "Plug-street" en avril dernier. Sur son invitation, j'ai eu l'honneur de lui servir de guide pour partager mon émotion et mon émerveillement lorsque j'emprunte, régulièrement, ces chemins campagnards ou boisés, remplis de douloureux souvenirs de 14-18.

Laissons lui la possibilité de se présenter : 

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À l'aube du centenaire de la Première guerre mondiale, que sont devenus les champs de bataille sur lesquels se sont déroulés le conflit ? " Dernières nouvelles du front " est un voyage radiophonique qui vous emmène au coeur des paysages de la Grande Guerre, à la rencontre de ceux qui vivent la mémoire de ce conflit au quotidien. Des archéologues, des historiens, des archivistes, mais aussi des forestiers, des agriculteurs, des viticulteurs, des tenanciers de café, des démineurs, des artistes, des guides, de simples citoyens... Leur point commun? Confrontés chaque jour ou presque de leur vie aux traces de la guerre, ces femmes et ces hommes vivent l'histoire, et la racontent avec leurs tripes. Au cours de 36 épisodes comme autant d'étapes sur les 700 kilomètres de l'ancienne ligne de front, ce sont eux qui nous donnent, dans les " Dernières nouvelles du front ", au travers de l'interprétation du paysage, leur vision personnelle du conflit et de son héritage. La journaliste Isabelle Masson-Loodts vous invite à la suivre dans cette randonnée bouleversante, qui décloisonne les thématiques de l'histoire, de l'environnement, de la géographie, de la politique, de l'économie et de la culture.

 

" Dernières nouvelles du front ", du lundi au jeudi à 13h15 sur La Première, à partir du 30 juin.

ÉPISODE 1, SUR LA PLACE DU XX AOÛT, À LIÈGE (30/06)

 

ÉPISODE 2, AU FORT DE LONCIN (01/07)

 

ÉPISODE 3, EN BUS AUTOUR DE FORTS DE LIÈGE (02/07)

 

ÉPISODE 4, LE CAFÉ LIÉGEOIS (03/07)

 

ÉPISODE 5, EN BOUT DE PISTE, AU FORT DE HOLLOGNE (07/07)

 

ÉPISODE 6, LES ÂNES DE PONTISSE (08/07)

 

ÉPISODE 7, SUR LA TOMBE D'AUGUSTE TROUILLARD, À MAISSIN (09/07)

 

ÉPISODE 8, SUR LES TRACES DE LA BATAILLE DE LA FORÊT DE LUCHY (10/07)

 

ÉPISODE 9, À OCHAMPS, VILLAGE OUBLIÉ DE LA BATAILLE DES FRONTIÈRES (14/07)

 

ÉPISODE 10, AU CIMETIÈRE DE SAINT-SYMPHORIEN, PRÈS DE MONS (15/07)

 

ÉPISODE 11, AUTOUR DU BOIS DE PLOEGSTEERT (16/07)

 

ÉPISODE 12, SUR UN CHANTIER DE CONSTRUCTION, DANS LE WESTHOEK (17/07)

 

21 juin 2014

C'est mon Devoir de Mémoire Musical !

Pour la première fois depuis 30 ans que la fête de la Musique existe, j'y participe à ma façon, sachant : 

Qu'il y a 100 ans, en décembre, à la Noël, des Hommes terrés à St-Yvon, et qui se tiraient dessus pour s'éliminer, ont fraternisé et respecté une paix….  interdite d'en haut !  Hélas, mille fois "hélaaas"…
Qu'en ce mois de juin 2014, c'est le Mondial de Foot : un sport qui, maintenant, fait légende au sein de cette Trève de 2014.
Que les "Khaki Chums" ont érigé cette croix. Ils ont droit qu'on la respecte.

Pour honorer en musique, le sacrifice de toutes ces victimes de 14-18, et celles de 40-45, je leur ai écrit ce poême, mis en musique, joué et chanté !  C'était mon Devoir !

 

10 juin 2014

Taff se méfie que l'on déforme l'histoire !

Bien avant de publier cette série de notes à propos de la "Christmas Truce Cross", j'ai bien sûr demandé l'autorisation à Taff Gilligham d'utiliser son texte, traduit en français pour les habitants de "Plugstreet"  et environs.
Il s'en est vu enchanté, mais en a aussi profité pour nous faire part de ses états d'âme à propos de ce symbole érigé dans le bled de St-Yvon, commérant ainsi ces exceptionnels et historiques instants de sagesse humaine et fraternelle entre hommes de pays et de culture différents, dont le devoir... était de "se tirer dessus". 

Sgt_Gillingham_in_the_mud.jpgSa réaction, énervée, vise surtout l'idée qu'émit le président de l' UEFA, Michel Platini, de rassembler des chefs d'état et d'y élever, là, un monument… à l'honneur de foot-ball, parce que, parait-il, Anglais et Allemands auraient joué au foot. D'après Taff Gillingham, les quelques anecdotes à ce propos ne sont que des suppositions.

Voici le contenu (traduit en français) de son courrier-mail datant du 21 avril dernier. 

Cher Michel ,

Merci beaucoup pour votre message . Je suis très heureux de vous lire à nouveau .
Oui , bien sûr, n'hésitez à traduire nos articles parus sur le site “Hellfire Corner”
Une chose à retenir - les “Khaki Chums” ne sont pas un «groupe de reconstitution” .
Nous sommes un groupe de collectionneurs, historiens , auteurs et experts sur de nombreux aspects de l'histoire militaire britannique , de 1899 à 1960 . Comme un éminent historien a dit un jour ““Khaki Chums” sont « une source de connaissances importante " sur la vie des soldats de la première moitié du 20ème siècle britannique et du Commonwealth .

Je suis particulièrement satisfait que vous m’ayez contacté en ce moment .

Comme vous avez pu l'entendre , l'UEFA prévoit de mettre un mémorial dédié à la partie de le football,  jouée durant la trêve de Noël de 1914 .
Nous pensons que c'est une très triste décision . Le football est à peine mentionné dans l'un des nombreux comptes-rendu de la trêve .
Il y eut beaucoup de "troc" en denrées alimentaires , d'échanges de casques  et  boutons ;  ils se coupèrent les cheveux les uns les autres ,  se confièrent les noms et adresses et , bien sûr , ensemble, ils enterrèrent leurs morts, gisant sur le No Man's Land .

Du football, il y a à peine une mention !  C'était clairement un si petit jeu de la trêve qu'il n'a joué aucun rôle dans les mémoires des gens  y qui ont pris part .
Malheureusement, le mémorial de l'UEFA mettra l'accent majeur sur cet aspect-là de la trêve et qui peut même ne jamais s'être produit.

En 1999, nous avons choisi l'endroit à St-Yvon pour la commémoration parce que le dessinateur, Bruce Bairnsfather , l'a relaté par un  compte rendu détaillé de ce qui s'est passé à cet endroit exact dans son livre , « Bullets and billets .

Il mentionne de nombreuses activités , mais certainement pas celle de football .

Quelle ironie cela serait, si ce nouveau mémorial de l'UEFA est placé à un endroit où le récit des témoins oculaires contemporains montrent clairement qu'il n'y avait pas de football .

Nous ne voyons aucun problème avec de nouveaux monuments , mais ce sera une tragédie si ce monument majeur deviennent directement responsable de la création d'une fausse histoire.

Tous ces hommes des deux côtés, qui ont réussi à arrêter le temps au cours de cette terrible guerre, méritent beaucoup mieux.

Avec mes meilleurs vœux ,

 Taff

 

06 juin 2014

Voici les Khaki Chums qui ont planté la Croix de la Trève de Noël !

The_Survivors.jpg
Voici  une dernière photo des "survivants" parue dans le "Hellfirecorner" et prise sans doute quelques heures avant le départ pour l'Angleterre. Ils ont le pouce pointé vers le haut : un détail qui en dit long !

Le lendemain matin, nous avons commencé à rassembler nos affaires, une opération qui a pris toute la journée !
Enfin arriva l’heure des adieux et des remerciements pour ensuite quitter les lieux pour embarquer sur un ferry à 21h00. Nous sommes enfin arrivés à la maison encore crottés et mouillés bien des heures plus tard . Tout mon paquetage était encore couvert de boue de Flandre !

Cela fut une expérience incroyable. Les gens disaient : «Ah , mais vous n’avez pas tiré ! " - Certes, mais c’était une trêve comme elle s’est déroulée, à Noël,  en plusieurs endroits du front, il y a 85 ans.  

 

Bruce Bairnsfather a écrit un livre en 1916, intitulé « Bullets et Billets "  ( pour le lire en français : http://brucedessineplugstreet.blogspot.be ) . Les pages 44 à 49 auraient pu être rédigées par n'importe quel des Chums, après notre aventure de Noël dernier. ( Bairnsfather se trouvait exactement sur le même champ de boue) . Certains des participants ont dit qu'ils ne pourraient jamais dire combien ils l'ont apprécié et qu’ils ne l’auraient pas manquée pour rien au monde . Personnellement , j'ai apprécié chaque seconde passée dans cette crasse, dans cette  humidité, cette misérable boue. Finalement, beaucoup d'entre nous seraient probablement encore là-bas, aujourd'hui, si nous l’avions pu !

 

 

04 juin 2014

Ca sent la fin… !

Menin_Gate_Christmas_Day.jpg
Voici une photo des Khaki Chums, lors de leur participation au Last Post, d'Ypres

Le lendemain de Noël, nous sommes de nouveau allés à la Porte de Menin et après la cérémonie du Last Post, nous avons remis 10 000 BF aux “Clairons”  en guise de reconnaissance pour nos bonnes relations.

Ensuite, nous avons été invités à un hôtel chic pour un repas, par Teddy et Tony Noyes, respectivement président-fondateur de “the Old Contemptibles Association” et  président de “the Western Front Association”. Ce geste a été très apprécié à tous points de vue.

 

Enfin, nous sommes retournés à la grange où nous avons organisé notre dernière soirée de concert. Le clou fut le numéro du Caporal Old Bill Smith avec “Yuletide Trench Ditty” et du Soldat Clover (en tutu ?)  en seconde partie . 7am_Christmas_Day=Baling.jpga Après quelques bières, tout le monde aurait préféré de rester dans la grange sur cette confortable paille, mais étant le “b***** d” que je suis, je leur ai ordonné de reprendre leurs positions pour la dernière fois . Après beaucoup de murmures , ils ont rejoint la boue de leur tranchée - y compris Clover habillé de son tutu et sa peau de chèvre.

02 juin 2014

"… Une croix, comme marque de respect !…"

Pour commencer cette note : une photo d' avant-Noël : ils remplissent des sacs !

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Laissons la plume à Taff qui nous raconte la suite de l'expédition unique des Khaki Chums à Plugstreet, lors de la Noël 1999, dans le but de commémorer la "Christmas Truce" de 1914, sur les mêmes lieux où elle se déroula. 

Memorial_Cross.jpg"A la fin de notre séjour, nous avons planté une grande croix comme une marque de respect pour ceux qui ont combattu et sont morts dans la région. Tout comme nos couronnes que l’on dépose, nous nous attendions à ce qu’elle soit déracinée et jetée peu de temps après notre départ. Quelle surprise pour nous d'entendre que la population locale protége la croix en soignant le bois et en la fixant dans un socle de béton. Tout autour, plusieurs petites croix “poppies” sont déposées sur le sol. Les habitants soigneront la croix. Il est le seul monument à la trêve de Noël de 1914.

Le soir de Noël, nous avons paradé à la Porte de Menin et déposé une couronne. Ensuite, nous avons marché dans les rues désertes d’Ypres pour retourner vers notre tranchée. La pluie continuait à tomber à verse, ce qui a encore plus inondé notre tranchée.  Notre Diner de Noël a été préparé dans la grange agricole. Ce fut un superbe repas était grâce aux efforts du caporal "Old Bill" Smith et du “private” Johnson.

Le lendemain matin de Noël, mes vêtements étaient si humides que je me suis taillé un "gilet" avec deux sacs de sable pour porter sous ma tunique. Comme je dormais dans deux centimètres d'eau, ma capote était gorgée d’eau. Je mis ma peau de chèvre à la place.

k9.jpgLes peaux de chèvres étaient de loin le meilleur vêtement à porter dans ce trou humide et plein de boue, en Belgique. Totalement coupe-vent, ils vous tiennent chaud et au sec . Quand je dis “sec”, je précise qu’à partir de la veille de Noël plus rien n’était sec chez nous . Nos pieds ont pu sécher au moins une fois par jour, lorsque nous enfilions d’autres chaussettes sèches ( jusqu'à la troisième paire;  après, nous vous devions remettre sur la paire humide d'il y a deux jours! ) . 

 

Sur l’heure de midi, les soldats  Knights (Essex Rgt ) et Stokes ( Devons ) sont arrivés . Lorsqu’ils aperçurent les lieux, ils se demandèrent pourquoi ils ne sont pas restés à la maison ! Ils furent bien vite maculés de boues comme nous tous . Après le lunch, les pompiers locaux nous ont proposé de venir pomper la tranchée ; ce qui semblait une bonne idée étant donné que nous avions perdu du matériel dans ce bourbier . En fait, cela nous permit de réaliser combien de de choses sont encore enfouies en France et en Belgique . Nous avons perdu toutes sortes de choses : des briquets de tranchée, des  “clips de 0,303” et même une bouteille d’époque originale de HP sauce !"

 

01 juin 2014

L'accueil de la population locale : Ca, c'est Ploustère !

A 10h00 se tenait une cérémonie à l’église. Les noms de tous ceux qui ont été tués le jour de Noël 1914 - et aussi ceux qui sont morts de leurs blessures ont été cités et les hymnes ont été chantés, y compris Demeurez avec moi et Jérusalem. 

k7.jpgAprès quoi, les habitants nous ont apporté tant de cadeaux - principalement de bonnes bouteilles - que nous aurions pu ouvrir un débit de boissons. Vous ne pourriez pas vous imaginer combien de visiteurs sont sorti le jour de Noël pour venir voir un groupe d'étrangers occupés à vidanger de l’ eau et de la boue hors d'un trou, en Belgique!

Vraiment, nous avions tenté de créer une bonne relation avec les habitants locaux. Ceux d'entre vous qui assistent aux cérémonies dans des cimetières militaires en France ou en Belgique savent que rarement les populations locales montrent beaucoup intérêt. Malgré tout, durant tous les interview pour la TV ou la presse,  nous avons expliqué toutes nos raisons d'être là : 

1) Pour récolter des fonds destinés à des organismes de bienfaisance charitable. 

2) Pour revivre une partie de la vie du soldat “de première ligne”.

3) Et enfin, pour qu’à Noël, tout le monde qui boit plus et mange trop en s’offrant des tas de cadeaux, puisse s'arrêter, juste pour une seule minute et avoir une pensée pour tous ceux qui ont combattu ici et/ou y sont morts. 

 

A en juger par le soutien que nous avons reçu de toute l'Europe, nous osons penser que les gens d’ici ont fait de même. (Notre appel à la charité  atteint maintenant la somme de  £ 2000 - et des dons arrivent encore !)

26 mai 2014

Il a commencé à pleuvoir…. pleuvoir…. pleuvoir….

k19.jpgLe fond de la tranchée, prévu en planches de bois (il n’existait pas de palettes en Décembre 1914) disparaissait aussi rapidement que nous les installions. Les planchers disparurent littéralement dans la boue sans fond . Ainsi,  l' eau monta jusqu'à plusieurs centimètres en quelques heures et a dû être vidangée régulièrement . La nuit fut très froide mais sèche . Rifleman Maltby dormit sur la banquette de tir toute la nuit avec, pour compagnon, celui qui était de service. Les “dortoirs” “étaient exactement comme ils devaient l’être à l'époque - des creusements dans la boue de 4 pieds de large, longue et 7.5f pieds de longueur  et haut de 2.5 pieds. Trois personnes seulement pourraient s’y faufiler très difficilement et avec beaucoup d'inconfort . Seulement, une fois à l'intérieur , ils étaient étonnement bien au chaud. Les murs ont été construits en sacs de sable  avec la base enfoncée de 1 pied dans la boue . Le sommet a été couvert de vieilles portes (prises dans des fermes abandonnées - (d'où notre besoin d’en emporter avec nous ) et ensuite recouvert d'une fine couche de boue pour la protection ( certes insuffisante ) contre des éclats d'obus . Après une paire d’ heures, vous sentiez bien l’ humidité tout autour de vous pour vous réveiller à peine endormi dans quelques centimètres d' eau avec tous vos vêtements percés jusqu'à la peau.
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"Nice to see you, Taff !"
Premier contact avec Taff qui nous expliqua les raisons de la présence des Khaki Chums, à non loin de Plug-street. "On s'est basé sur des plans précis  dessinés par un Tommie qui indiqua le lieu de la Fraternisation.  J'ignorais tout encore de qui fut Bruce Bairnsfather et de ses dessins. 

k18.jpg

 

25 mai 2014

"Un voyage jamais tenté depuis 80 ans !"

Poursuivons le récit de Taff qui nous raconte : 

Le 22 Décembre 1999, neuf garçons, des “Chums” représentant des régiments aussi divers que The Royal Warwicks , The Bedfords , The Argyl & Sutherland Highlanders , The Cheshires , The Nord Staffords , The London Rifle Brigade , The Norfolks et The Scots Guards  s’apprêtèrent à embarquer neuf portes victoriennes , 500 sacs de sable , du bois de chauffage , des pioches , des pelles , de la nourriture ( en conserve d’époque) et une grande quantité de “brol” et de camelote qui n’ont servi qu’à égayer l'ambiance générale de la tranchée. Le tout chargé dans deux véhicules qui semblaient rétrécir au fut à mesure qu’on les chargeait. Après un voyage fatiguant et très surchargé, nous sommes arrivés au petit hameau de Saint- Yvon à 7 h du matin le 23 Décembre .

k10.jpgLes travaux commencèrent immédiatement - un foyer a été allumé et le thé préparé. Pendant ce temps le remplissage de sacs de sable démarra sans interruption. Notre arrivée ne fut pas passé inaperçue : les habitants voisins offrirent des boissons chaudes , de la nourriture et des bons lits pour dormir . La plupart fut étonné face à notre refus de toutes ces offres de logement... avec chauffage central - " Oui madame, nous allons vraiment dormir dans ce trou plein de boue dans ce champs très boueux ... " " Et oui , tout notre équipement est exactement le même qu’en 1914,...  même nos sous-vêtements " ! Vraiment, c’était ainsi : des étiquettes en papier de la nourriture jusqu’au fond de nos poches,  1999 est resté totalement à la maison. 

À la fin de la première journée, la tranchée était présente déjà. En raison du trop d’eau, elle fut creusée à 3'6" de profondeur; surmontée d’un parapet de 3' avec des sacs de sable, telle que l’indiquent les manuels de l'époque.  Comme la nuit tombait, il n'y eut pas assez de places pour tout le monde, pour dormir - mais quelqu'un fut de service tout le temps.
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une autre photo prise en 1999 :

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23 mai 2014

Ils se prénommaient : Rob, Tim, Steve, Kevin, Bob, Colin, Mike, Mo, Dick & Taff

Notre ami Taff, dans l'article se posait la question :

"Alors pourquoi vous raconté-je tout cela?"

Tout d'abord , nous ne faisons pas cela uniquement pour le plaisir ( ! ) . Nous espérons recueillir beaucoup d'argent pour la charité . Si nous réussissons à récolter suffisamment, nous espérons pouvoir remettre des sommes d'argent à RBL Poppy Appeal, The British Limbless Ex-Servicemens Association, St Dunstans, the Friends of War Memorials et enfin un petit don pour les clairons qui jouent le Last Post tous les soirs à la Porte de Menin à Ypres . S'il vous plaît, soutenez-nous. Le risque d'attraper une pneumonie en vaut la peine!

Si vous voulez contribuer, faites-la à l'ordre de :

« L'Association pour la mémoire militaire" .

Deuxièmement , il nous faudra garder le moral bien haut pour que les “Chums” puissent tenir ces cinq jours. Par conséquent , si vous pouviez écrire un petit mot aux garçons , ils seraient très heureux de vous lire . Aussi, n'hésitez pas à envoyer quelques effets réconfortants par exemple  - écharpes tricotées , gants, cagoules ou peut-être puddings de prune , de chocolat ou d'autres denrées alimentaires. Utilisez votre imagination - un rien contribuera à encourager les garçons ! Si vous souhaitez écrire individuellement aux Chums " envoyés au front " , ou leur expédier un cadeau de Noël, voici la liste complète des participants , classés par numéro, grade , nom , et Régiment - dernière liste des participants ( 30.11 . 99 ) :

5248 Sgt. Taff Gillingham 1/Royal Warwickshire Regiment
4943 Pte. Rob Barnes 1/North Stafford Regiment
2711 Pte. Tim Clover 2/Scots Guards
1795 Pte. Tim Godden 1/Norfolk Regiment
4079 Rfn. Steve Maltby 5/London (London Rifle Brigade)
2958 L/Cpl. Kevin Smith 6/Cheshire Regiment
3093 Pte. Bob Stedman 2/Bedfordshire Regiment
110 Pte. Colin Wright 2/Argyl & Sutherland Highlanders
4616 Pte. Mike Johnson 1/Royal Warwickshire Regiment
1256 Pte. Steve Fairbank 1/Hampshire Regiment

A partir du  26.12.99, nous serons rejoints de : 

198 Pte. Mo Stokes 1/Devonshire Regiment
7940 Pte. Dick Knights 2/Essex Regiment
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notre photo originale : 
Les travaux du creusement de la tranchée sont bien entamés.  Il fait chaud à l'avant-veille de Noël, à "Plug-street".  Mais, impossible de les nommer, même si leur noms figurent plus haut. 
k11.jpg

 

21 mai 2014

Merci, Taff Gillingham !

defile.jpg

La  photo ci-dessus vous dit-elle quelque chose ? 
Il s'agit du groupement britannique des Khaki Chums défilant vers St-Yvon, le jour de l'inauguration de la plaque dédiée à Bruce Bairnsfather, le 13 décembre 2003. Il y a dix ans !
C'est cette même association qui a planté, quatre ans auparavant, à la Noël 1999, la Croix de la Trève de Noël, la "Christmas Truce Cross", là où les Tommies et les Boches firent taire leurs armes en 1914.

A gauche de la photo, marchant à côté de son peloton, vêtu de sa peau de mouton,  le Sergent Taff Gillingham est à l'origine de l'érection de cette croix de bois,  symbole de cette fraternisation, d'échanges, de chants et de mise en terre des camarades morts sur No Mans Land. 

Dans les prochaines notes, je lui donnerai la parole en me référant à un article de presse écrit à l'époque, et dont voici la référence : 

http://www.hellfirecorner.co.uk/chums.htm

k1.jpgDu mieux possible, et avec son autorisation,  j'ai patiemment traduit de l'anglais vers le français le texte paru sur Internet en me souciant  constamment de respecter l'esprit qui a animé notre ami Taff et ses hommes.

Sans lui, "Plug-street" n'aurait peut-être jamais connu cette réputation dont, aujourd'hui, la ville de Comines-Warneton s'en "réjouit".

Peut-être est-il un peu tôt pour écrire l'histoire de cette humble Croix de "Xmas Truce", mais, nous sommes en 2014 : On en célébrera le Centenaire de ces quelques jours de Paix qui auraient dû se poursuivre définitivement si….

19 mai 2014

.

 

 

 

 

Une nouvelle bannière apparaît 
sur mon "Rétro-Viseur". 

Il s'agit d'un montage réalisé à partir de plusieurs photos piquées de la toile.  Il me faut donc remercier les auteurs-photographes anonymes que je ne connais pas. Comment ?
Thank you everyone !

Mais reconnaissez-vous les lieux ?
En saisissez-vous le message ? 
Connaissez-vous l'histoire de cette croix ?

 

A bientôt !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

21 février 2014

Des panneaux annoncent déjà la Trève de Noël !

Déjà, oui, la Reconstitution de la Fraternisation entre les belligérants de 14-18, à St-Yvon, est annoncée sur Comines-Warneton.

Voici le document unique, de Bruce Bairnsfather, qui détermine précisément l'endroit de cette rencontre historique.  C'est bien dommage, elle ne réussit pas à stopper net et définitivement les hostilités.

bairnsfather-image021.jpgIl s'agit d'un croquis dessiné sous forme d'une carte, portant des mentions écrites par le lieutenant caricaturiste.  On peut y lire, entre autres :
- ma première nuit en tranchées et confection de mon premier abri
- maison où j'installai mon abri sous le plancher et dessinai le premier "fragment"
- là où je vécus la Noël 1914
- Où je rencontrai et parlai avec "l'affreux Fritz" et "le haineux  Henrich"
- champs de navets gorgé d'eau
- lignes allemandes et britanniques
carte st-yve2.jpgGrâce à un petit montage de ce croquis sur un plan-satellite Google d'aujourd'hui (100 ans plus tard !) il est possible de repérer les chemins, et la mare avec précision, non loin où s'est déroulée cette fraternisation. En 1994,  les Kakhi Chums, après une toute premiière "re-acting",  y ont planté une croix, garnie aujourd'hui de ballons de foot et de poppies.

carte st-yve4.jpgSur son plan sommaire, Bruce Bairnsfather y a également indiqué les lignes de tranchées allemandes et britanniques, qui correspondent au tracé exact d'un plan officiel d'époque. Respectivement, entre les lignes bleues et rouges, le NoMans-Land… sur un champs de navets, gorgé d'eau, les Soldats ennemis se rejoignirent pour une Trève de Noël, hélas, bien trop courte.

Pour voir les montages cartographiques en grand, cliquez dessus !   

22 décembre 2013

Un dessin pour "Joyeux Noël"

Old Bill, personnage légendaire inventé par Bruce Bairnsfather lorsqu'il était à Ploegsteert, pendant l'hiver 1914 - 15, semble avoir vécu bien d'autres péripéties que celles que connurent les  Soldats Britanniques, terrés dans les tranchées creusées au nord de "Plug-street - Wood". Au St-Yvon, exactement.

La "Christmas Truce", (Trève de Noël) qu'il décrivit dans "Bullets and Billets" constitue aujourd'hui un événement historique que, par Devoir de Mémoire, ma ville de Comines-Warneton s'oblige à commémorer.

Afin de décorer mon modeste "Rétro-Viseur" pour la Noël, je vous propose ce dessin de Bruce Bairnsfather dont la légende dit :

"Si tu veux tenir encore un moment cette escabelle branlante, camarade, je vais couper une branche pour toi !" 
 

image-1.jpeg

 

26 janvier 2012

Il faut exporter la "Christmas Truce" à travers le Monde

J'avais l'intention de garder ce clip-vidéo pour vous le proposer à la fin de l'année, à l'époque de Noël, mais comme je viens de lire dans la presse flamande (Krant van West-Vlaanderen) les intentions de notre petite ville voisine et amie, MESSINES, le projet d'organiser une grande commémoration de la Fraternisation entre béligérants le 24 déc. 1914, je tiens à vous donner l'adresse internet pour lire, en néerlandais, la même info !

La concurrence entre les villes alignées le long du tracé du Front sera forte ! C'est tant mieux pour la Mémoire Collective.

Voici l'adresse : http://kw.knack.be/west-vlaanderen/nieuws/algemeen/eerste...

Voici, ci-dessous, grâce à la collaboration de blogueurs amis, un petit clip mettant en images la chanson anglaise de "Christmas 1914", traduite en français par les sous-titres.

26 décembre 2010

16. Fini la Trêve... Ils doivent reprendre le combat !

 


Non Commissioned Officers With Souvenirs Of The Christmas Day Truce Of 1914.jpgMais, au soir du dernier jour de 1914, après avoir traversé le No man’s Land, un caporal saxon fort poli vint nous apporter un message pour nous avertir que le staff des officiers de son régiment allait venir vers minuit dans leurs tranchées avec leur pistolet automatique et qu’ils tireraient au-dessus de nos têtes. Nous sommes donc bien restés à couvert pour éviter de regrettables accidents. 
A 11 heures, ce soir-là, -car ils utilisaient l’heure locale berlinoise – nous vîmes la flamme de plusieurs armes Spandau en action ; les balles sifflant au dessus du No Man’s Land.
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 J’avais noté les adresses de deux soldats allemands à qui j’avais promis de leur écrire après la guerre.  J’émis aussi vaguement l’idée naïve que les gens en Allemagne devaient savoir ce que tous les soldats avaient enduré et souffert.

Que des deux côtés du front, nous partagions la même idée à propos des raisons réelles et du bien-fondé de ce conflit.

Qu’il fallait faire savoir que cette Trêve de Noël  aurait dû pouvoir s’étendre à tout le front au lieu d’avoir imposé à nouveau le mépris et la haine.
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J’étais encore très jeune, mais je me suis porté volontaire après l’information de la retraite de Mons, un dimanche de la 3e semaine d’août 1914.williamson.jpg A Londres, le colonel de notre bataillon avait déclaré que le Corps Britannique Expéditionnaire de l’Armée régulière s’était trop réduite après ce recul de 90 miles, usant autant les hommes... que les bottines !  Qu’il était affreusement urgent de pourvoir l’aider !

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Maintenant que le Nouvel An est passé, le gel est encore toujours présent, avec ses minuscules cristaux de neige blanchissant tout :
les barbelés, les tombes, les trous d’obus !

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De nouvelles fusées éclairantes voltigent dans le ciel pour éblouir le No Man’s Land afin de mieux cibler les rafales des mitrailleuses, pour mieux pointer l’objectif des tirs d’obus !

La pluie s’est mise à tomber sur la plaine de Flandre tandis que nous nous occupons, maintenant de préparer  l’attaque du printemps prochain !

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23 décembre 2010

15. "CHRISTMAS IN THE TRENCHES", pour nous, francophones !

L'histoire de la Nativité... c'est une belle histoire. On peut l'aimer et/ou ne pas la croire !
Mais, l'histoire de la Trêve de Noël, vécue dans les tranchées en 1914, est encore plus belle quand elle est chantée.
Un Noël de Paix, tel est mon souhait, cette année !  (... pour précéder celui de qui vous savez...)

 

22 décembre 2010

14. Echanges d'impressions après la bataille !

 

A cette occasion, j’appris encore que l’assaut massif allemand à travers les bois et les champs du saillant, durant la dernière phase de la bataille d’Ypres, avait été menée par des jeunes volontaires, la main dans la main, en chantant, avec un seul fusil pour trois soldats. Ils avaient été « touchés », après le manquement de la garde prussienne, l’élite du Corps de Garde, inspirée du modèle des fameux soldats de Napoléon, pour casser nos lignes. Le comble à entendre : « Vous avez trop d’armes automatiques dans vos lignes, cher ami anglais ! »
En réalité, nous n’avions que peu d’armes lors de cette bataille, les Allemands s’étaient mépris sur leur nombre. Tous les bataillons d’infanterie avaient été équipés de deux mitrailleuses du même type que celles utilisées durant la guerre de Sud-Afrique en 1902. Cependant, une exception :
ts.jpgle 14e bataillon du « London Regiment » qui avait acheté, a ses frais avant la guerre, deux « Vickers Gun ». Mais celles-ci ont également été perdues pendant la bataille.

Les Allemands se firent une autre illusion en croyant que nous avions d’importantes troupes en réserve rassemblées dans les bois. Si seulement ils avaient su que nous étions peu de réserves, incluant même la division indienne avec ses soldats en turbans, grelotant de froid !(9).jpg

La trêve dura quelques jours dans notre secteur de la crête de Messines.

 

21 décembre 2010

13. Seul, Dieu le connait !

Un des Saxons, lunettes sur le nez, se contentait de rester seul, à fumer sa brosse pipe d’écume. Il ressemblait à un personnage de BD : «Hun ». Le fourneau blanc de sa pipe représentait le visage à casquette de « Little Willie ». Il remarqua mon regard vers sa pipe, qu’il retira de la bouche pour me dire tranquillement : « Kronprinz, Prachtiger Kerl » avant de la resserrer entre les dents. « Prachtiger Kerl » signifiait « bon ami » ou « gentil camarade ». Evidemment, pensai-je, leur prince héritier l’est à leur égard comme le prince de Galle l’est envers nous !

« Tiens donc, voilà l’efficacité allemande » je notais deux boutons en aluminium là où nous n’en avions qu’un seul en cuivre sur le pantalon.

unindent.jpgDes hommes creusaient des fosses pour y enterrer des victimes déjà raides Tous ces morts étaient recouverts de l’emblème allemand rouge-noir-blanc. Quand la fosse fut remblayée, un officier y récita quelques prières tandis que les camarades l’écoutaient avec respect, en tenant leur bonnet dans la main gauche.

Moi-même, je fis de même, j’ai retiré mon passe-montagne en guise de recueillement. Lorsque la mise en terre fut terminée, quelqu’un écrivit sur une grossière croix de bois faite avec les caisses de rations, en allemand : « Hier Ruht In Gott fin Unbekannter Deutscher Held »

« Ici repose, avec Dieu, un soldat inconnu allemand »

J’en avais bien compris la signification : ils font la même que nous, avec des croix dans le petit cimetière, à l’intérieur du bois. 
Copie de rbmc_biebuyck.jpg 

20 décembre 2010

12. Cessons de nous tirer dessus !

De retour dans le bois, nous n’en revenions pas de ne pas avoir été pris pour cible. Ce qui était merveilleux : il n’y avait plus de boue !  Magnifique : on marchait facilement à pieds secs dans les chemins !  Et de plus, on pouvait enfin s’endormir !...

British Soldiers Warming Themselves Up Whilst Their Pork & Beans Are Getting Ready To Serve Out.jpgLe miracle se poursuivit par ces petites lumières dorées qui scintillaient dans ce matin givré de Noël. Bizarrement, ma nostalgie chronique et mon vain espoir de rentrer à la maison, avaient disparu.

Le postier arriva pendant que je faisais frire mon déjeuner : du bacon placé à côté des brindilles incandescentes qui réchauffaient également ma gamelle remplie de thé sucré. Il nous apporta des boîtes métalliques contenant du tabac, des biscuits de l’armée ayant la même forme et le même goût que les biscuits pour chien. La fourniture de tabac équivalait à cinq cigarettes ou de quatre bourrages de pipes par jour. Certes, ce n’était pas la ration « d’urgence » mais bien celle du « confort des troupes ». Je remarquai aussi quelques journaux et aussi un paquet-cadeau pour chaque soldat, offert par la Princesse royale : une boîte en laiton contenant du tabac et des cigarettes, marquée de l’effigie en relief de la princesse Mary.C054463full.jpg

« Je l’enverrai à ma mère, en souvenir » pensai-je aussitôt.

« Il y en a des centaines, là-bas » remarqua près de moi, un soldat en kilt.

 

Face à face

Je marchais à travers les arbres et des fragments d’obus éclatés (des J.Johnsons, tels qu’on appelait ces armes allemandes de 5,9 pouces) du No Man’s Land, quand soudain, je me suis trouvé en face de soldats allemands, tout habillés de gris avec des bottes de cuir aux pieds, ce qui pour moi me paraissait inconcevable. De plus, parmi eux, certains souriaient en parlant anglais. La plupart d’entre eux étaient plutôt maigres, au visage blême ; ils portaient des lunettes ou un bouc sous le menton ! Ils étaient tête-nue ou coiffés d’un bonnet rond gris avec une bande rouge tout autour. la.jpg
Chacun portait deux boutons blanc-noir-rouge, ressemblant à de minuscules cibles de tir à l’arc : les couleurs de l’empire germanique.

Parmi ces Saxons, d’autres plus robustes, ne prenaient pas part aux conversations et regardaient la scène à distance. Ils avaient le visage écarlate. Leur tunique et leurs bottes étaient crottées de boue sèche.  Certains avaient un écusson en velours vert à l’épaulette. A en juger par le nombre de rangs formés par ces Allemands debout, je pus conclure qu’ils avaient creusés au moins trois lignes de tranchées espacées de 200 yards, derrière la première ligne de front.

Cela démontre, disait l’un d’entre nous, de combien d’hommes ils disposent ! Comparé à nous, nous n’avons qu’une seule ligne de tranchées, toutes les autres ne ressemblent qu’à de piètres fossés. Et il dit encore : «  Regardez-moi ces fourragères à l’épaule de ces gaillards :  Ce sont les tireurs d’élite ! »

C’est ce que m’ont dit des Saxons qui détestent les Prussiens. « Tuez les tous, disait l’un d’eux, et nous aurons la paix !  Oui, mon père a toujours été contre la Prusse ! »

 

19 décembre 2010

11. La grande trouille

 

Après que le chef du peloton, un garçon courtois, dans toute la jeunesse de ses 20 ans, venant de Cambridge, nous ait aimablement tracé les grandes lignes de l’opération, il nous invita à poser des questions. J’osai dire que le bruit provoqué serait entendu. Un silence s’installa !  Mais, comme c’étaient des ordres venus d’en haut, ils devaient être exécutés. En sortant du bois, j’eus une première peur mais ne fus pas vraiment effrayé. 

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Tout était tranquille et calme sur le front. Pas de fusées, par de coups de fusils. Aucune détonation. 
Rapidement, nous nous habituions au clair de lune, une lumière qui rendait la vie et les mouvements presque irréels. On s’en alla à ramper vers les abris, deux par deux. L’un pour tenir, l’autre pour taper. D’autres préparaient le fil de fer à dérouler de son axe. Avec trois autres hommes, nous avons suivi le commandant du peloton vers l’hangar en bois goudronné afin d’y décrocher les fils tendus supportant le tabac que nous avons d’ailleurs laissé sur place.

Toujours aucun coup de feu tiré. L’impensable avait pris une tournure ordinaire : nous parlions en travaillant, sans précaution aucune, tandis que les heures nocturnes passèrent normalement. La lune descendait doucement derrière la cime des arbres, derrière nous. Chacun de nous nous semblait être devenu des fantômes, chacun suivi de son ombre. Après quelques instants de quiétude sur le front, j’ai aperçu au dessus de la ligne allemande, une lueur étrange, de curieuses lumières  accrochées à un piquet planté sur leur talus. Mais quelle était donc cette lanterne ?  Je n’en savais rien. Cela faisait partie de ces mystérieuses impressions ressenties lors de ces nuits silencieuses et glaciales à peine éclairée par une lune faiblarde.  Le travail me réchauffait, et tout mon corps était fébrile, non pas chaleur mais de bonheur.

Soudain, une voix s’éleva de la tranchée ennemie : « Hoch, hoch, hoch ! »  Tout comme mes camarades soldats, je me suis reculé et accroupi, j’ai épaulé mon fusil. Puis, plus aucun bruit ne se fit entendre. On s’est regardé, relevé, parlé. A nouveau, d’autres voix provenaient de l’autre côté de cet espace noir du No Man’s Land. Il nous semblait apercevoir au loin des hommes passer sous ce point de lumière, sur le parapet. Stupéfaits, nous vîmes qu’ils y plaçaient un arbre de Noël ! Et tout autour, des Allemands qui parlaient, riaient, en se remontant le moral par des « Aah, aah, aah ! »

wwixsg10d_medium_mid.jpgNotre chef de peloton qui allait d’un groupe à l’autre durant notre mission, regarda sa montre : « Il est 11 heures. Encore une heure et nous serons de retour ! »

« A Berlin, il doit être minuit !  Joyeux Noël à vous tous ! »

Je me suis dit que c’était beaucoup mieux d’entendre cela !  Puis, du côté allemand, une belle voix de baryton se mit à chanter une mélodie que ma nourrice Minne me fredonnait après ma douche, avant d’aller au lit. Elle avait été servante chez ma grand-mère allemande, de la famille Lune de Hildesheim.

« Douce nuit, sainte nuit… »  Impressionnante, cette voix dans la nuit, à la fois grave et suave, qui résonnait dans le brouillard glacial !  C’était comme si un nouveau monde apparaissait au milieu de ce cauchemar, un monde plus beau encore que celui que nous avions quitté d’Angleterre !... Sauf pour ces merveilles musicales ou ces sorties printanières en bicyclette à travers le Kent et le Bedforshire. 

 

18 décembre 2010

10. Le vent de la peur... sur l'état tampon !

 

Ce vent de la peur, qui siffle plus fort que n’importe quelle bise, se propagea sur tout le front Ouest européen : depuis la mer du Nord jusqu’à la barrière des Alpes. Il envahissait les marais drainés aux alentours d’Ypres, voorpagina96.jpg
il s’attaquait aux désolantes berges du canal de Comines, il s’agitait sur le plateau de Wytschaete, pour envahir la colline de Messines ; il glissait alors vers la plaine d’Armentières pour se diriger vers les mines de charbon et les terrils de l’Artois et traverser ensuite les terres calcaires de Picardie.

Le vent de la peur, tantôt s’amplifiait, tantôt mollissait, affaibli au-delà de la grande forêt de Argonne. Il inquiétait partout des hommes apeurés, rassemblés en masse. Enfin, quand il rencontrait les étendues neigeuses, les ravins, les torrents, les rochers, ce vent de la peut s’arrêtait devant la constellation d’Orion, comme un cocktail de pierres précieuses scintillant devant l’espoir des hommes.

Il faisait encore plus glacial, la veille de Noël. Nous avions été prévenu du péril à s’aventurer entre les lignes du No Man’s Land, pour aller renforcer des postes avancés, disposés en zigzag tous proches de la ligne allemande. En effet, des chicanes de barbelés devaient être remises en ordre. A proximité d’une grange, un appentis servant de séchoir de feuilles à tabac suspendues devait disparaître aussi car il gênait la vue en cas d’attaques.Western_front_1918_german.jpg

 Mais quel risque !  Cela pourrait faire démarrer les mitrailleuses. Cette idée géniale provenait du commandant de brigade afin de préparer une attaque imminente en décembre. C’était comme si quelques hommes amèneraient des paillasses remplies de paille, à poser sur les barbelés afin de les franchir. De même que l’idée de se mettre à casser la glace collée au sol des postes avancés ; Et tout ceci en pleine lune, à 40 yards devant les Allemands !
(cliquez sur la carte ci-dessus pour examiner le "Western Front") 

 

17 décembre 2010

9. L'enfer du Western Front

 

L’assaut des hommes, hurlant au visage conquérant, démarra sous un tir soutenu d’obus à fragmentation de 18 livres qu’envoyaient les canons. Des corps pataugeaient au milieu d’un véritable bourbier, encombrés aussi de carcasses puantes de vaches crevées et des corps de bien malheureuses victimes. 335_Image_WWI_05.jpgLes hurlements rauques de peur exprimaient la rage, tandis qu’aussitôt, sur la ligne britannique, des obus tombèrent l’un après l’autre dégageant une fumée jaune, âcre de lyddite, comme celle utilisée durant la guerre des Boers en 1902. L’ordre arriva pour notre compagnie de passer à l’attaque à notre tour. Des survivants revenant vers les bois, percés et couverts de terre, l’uniforme déchiré par les barbelés, trébuchaient en nous croisant. Lorsqu’ils s’étaient éloignés du front, après avoir échappé à la mort, une voix de baryton se mit à entonner une chanson d’espoir en faveur de la Paix !

« Ils ont été formidables, fit remarquer un sergent, joueur de rugby en Angleterre ».  Oui, car ils étaient motivés, je crois. Et surtout euphoriques et diablement pressés afin de pouvoir… dormir, dormir, dormir !

Bien que la maison « Sniper’s house » fut conquise, l’attaque suivante fut un échec à cause des barbelés allemands.

Un gars entendit plus tard que notre colonel protesta contre le déroulement de cette offensive livrée par notre compagnie. Après quoi, dans la revue « Corps Intelligence » ou dans « Comic Cuts », on put lire que notre attaque avait été commandée pour venir en aide… aux Russes fortement menacés sur le front de l’Est.

Sceptiques, nous en avions ri, mais fut une désillusion à propos des Boches, ces bouffeurs de saucisses.

La nuit ne me faisait pas peur et j’avis pris l’habitude d’aller me balader seul, dans le No Man’s Land, pour ressentir une relative liberté. Une nuit, je m’étais même assis près des barbelés allemands quand une fusée suivie d’autres sifflèrent juste devant moi, tandis qu’une mitrailleuse se mit à tirer avec fracas dans ma direction : les balles sifflaient juste au-dessus de ma tête.
Quand ces tirs des balles traçantes arrosaient toute la plaine, nous savions qu’ils ne préparaient pas d’attaque, mais plutôt qu’ils en craignaient une émanant de notre part. C’était à vrai dire un relatif soulagement. Le ciel m’apparut alors illuminé de splendides blancheurs qui me faisaient songer à la mort.picture of frank hurley.jpg
Dans un souffle, le feu surgit par étincelles jaune-rouge brillantes tout le long du saillant d’Ypres : les balles fusent, sifflent, claquent par-dessus les nombreux cadavres qui, tout doucement, se font absorber par la terre de Flandre.