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20 décembre 2010

12. Cessons de nous tirer dessus !

De retour dans le bois, nous n’en revenions pas de ne pas avoir été pris pour cible. Ce qui était merveilleux : il n’y avait plus de boue !  Magnifique : on marchait facilement à pieds secs dans les chemins !  Et de plus, on pouvait enfin s’endormir !...

British Soldiers Warming Themselves Up Whilst Their Pork & Beans Are Getting Ready To Serve Out.jpgLe miracle se poursuivit par ces petites lumières dorées qui scintillaient dans ce matin givré de Noël. Bizarrement, ma nostalgie chronique et mon vain espoir de rentrer à la maison, avaient disparu.

Le postier arriva pendant que je faisais frire mon déjeuner : du bacon placé à côté des brindilles incandescentes qui réchauffaient également ma gamelle remplie de thé sucré. Il nous apporta des boîtes métalliques contenant du tabac, des biscuits de l’armée ayant la même forme et le même goût que les biscuits pour chien. La fourniture de tabac équivalait à cinq cigarettes ou de quatre bourrages de pipes par jour. Certes, ce n’était pas la ration « d’urgence » mais bien celle du « confort des troupes ». Je remarquai aussi quelques journaux et aussi un paquet-cadeau pour chaque soldat, offert par la Princesse royale : une boîte en laiton contenant du tabac et des cigarettes, marquée de l’effigie en relief de la princesse Mary.C054463full.jpg

« Je l’enverrai à ma mère, en souvenir » pensai-je aussitôt.

« Il y en a des centaines, là-bas » remarqua près de moi, un soldat en kilt.

 

Face à face

Je marchais à travers les arbres et des fragments d’obus éclatés (des J.Johnsons, tels qu’on appelait ces armes allemandes de 5,9 pouces) du No Man’s Land, quand soudain, je me suis trouvé en face de soldats allemands, tout habillés de gris avec des bottes de cuir aux pieds, ce qui pour moi me paraissait inconcevable. De plus, parmi eux, certains souriaient en parlant anglais. La plupart d’entre eux étaient plutôt maigres, au visage blême ; ils portaient des lunettes ou un bouc sous le menton ! Ils étaient tête-nue ou coiffés d’un bonnet rond gris avec une bande rouge tout autour. la.jpg
Chacun portait deux boutons blanc-noir-rouge, ressemblant à de minuscules cibles de tir à l’arc : les couleurs de l’empire germanique.

Parmi ces Saxons, d’autres plus robustes, ne prenaient pas part aux conversations et regardaient la scène à distance. Ils avaient le visage écarlate. Leur tunique et leurs bottes étaient crottées de boue sèche.  Certains avaient un écusson en velours vert à l’épaulette. A en juger par le nombre de rangs formés par ces Allemands debout, je pus conclure qu’ils avaient creusés au moins trois lignes de tranchées espacées de 200 yards, derrière la première ligne de front.

Cela démontre, disait l’un d’entre nous, de combien d’hommes ils disposent ! Comparé à nous, nous n’avons qu’une seule ligne de tranchées, toutes les autres ne ressemblent qu’à de piètres fossés. Et il dit encore : «  Regardez-moi ces fourragères à l’épaule de ces gaillards :  Ce sont les tireurs d’élite ! »

C’est ce que m’ont dit des Saxons qui détestent les Prussiens. « Tuez les tous, disait l’un d’eux, et nous aurons la paix !  Oui, mon père a toujours été contre la Prusse ! »

 

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