17 décembre 2010
9. L'enfer du Western Front
L’assaut des hommes, hurlant au visage conquérant, démarra sous un tir soutenu d’obus à fragmentation de 18 livres qu’envoyaient les canons. Des corps pataugeaient au milieu d’un véritable bourbier, encombrés aussi de carcasses puantes de vaches crevées et des corps de bien malheureuses victimes. Les hurlements rauques de peur exprimaient la rage, tandis qu’aussitôt, sur la ligne britannique, des obus tombèrent l’un après l’autre dégageant une fumée jaune, âcre de lyddite, comme celle utilisée durant la guerre des Boers en 1902. L’ordre arriva pour notre compagnie de passer à l’attaque à notre tour. Des survivants revenant vers les bois, percés et couverts de terre, l’uniforme déchiré par les barbelés, trébuchaient en nous croisant. Lorsqu’ils s’étaient éloignés du front, après avoir échappé à la mort, une voix de baryton se mit à entonner une chanson d’espoir en faveur de la Paix !
« Ils ont été formidables, fit remarquer un sergent, joueur de rugby en Angleterre ». Oui, car ils étaient motivés, je crois. Et surtout euphoriques et diablement pressés afin de pouvoir… dormir, dormir, dormir !
Bien que la maison « Sniper’s house » fut conquise, l’attaque suivante fut un échec à cause des barbelés allemands.
Un gars entendit plus tard que notre colonel protesta contre le déroulement de cette offensive livrée par notre compagnie. Après quoi, dans la revue « Corps Intelligence » ou dans « Comic Cuts », on put lire que notre attaque avait été commandée pour venir en aide… aux Russes fortement menacés sur le front de l’Est.
Sceptiques, nous en avions ri, mais fut une désillusion à propos des Boches, ces bouffeurs de saucisses.
La nuit ne me faisait pas peur et j’avis pris l’habitude d’aller me balader seul, dans le No Man’s Land, pour ressentir une relative liberté. Une nuit, je m’étais même assis près des barbelés allemands quand une fusée suivie d’autres sifflèrent juste devant moi, tandis qu’une mitrailleuse se mit à tirer avec fracas dans ma direction : les balles sifflaient juste au-dessus de ma tête.
Quand ces tirs des balles traçantes arrosaient toute la plaine, nous savions qu’ils ne préparaient pas d’attaque, mais plutôt qu’ils en craignaient une émanant de notre part. C’était à vrai dire un relatif soulagement. Le ciel m’apparut alors illuminé de splendides blancheurs qui me faisaient songer à la mort.Dans un souffle, le feu surgit par étincelles jaune-rouge brillantes tout le long du saillant d’Ypres : les balles fusent, sifflent, claquent par-dessus les nombreux cadavres qui, tout doucement, se font absorber par la terre de Flandre.
09:04 Publié dans C'ETAIT CHRISTMAS TRUCE | Commentaires (1) | Facebook
Commentaires
Perfect post!!! Fabulous writing!!!
Écrit par : Tossa | 12 mars 2011
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