le "RÉTRO-VISEUR"

La "musique" qui m'est restée en mémoire, de quand j'étais gosse, n'est plus celle d'aujourd'hui. Faut-il pour autant ressasser les mêmes regrets nostalgiques  ?

La "musique" de mon village précédait les processions qui défilaient aux pas lents dans les rues, telles des marches funèbres. Mais, aucune tristesse n'assombrissait l'ambiance. bien au contraire : les rues se pavoisaient aux couleurs belges, les fenêtres s'enjolivaient d' "autels" fleuris sur lesquels trônait une statue gardée par deux bougies.  Le curé, bien entouré de ses marguilliers lui faisant ombrage du baldaquin, portait ostensiblement l'ostensoir. Puis, à mi-parcours, alors que le pasteur bénissait les fidèles agenouillés, la clique de clairons entonnait un émouvant "salut" qui faisait partie de ces instants d'adoration.

La "musique" de mon village, lors des ducasses, apportait aussi le point d'orgue du programme festif en y présentant son "concert apéritif" joué sur le kiosque dressé pour cette kermesse. Un haut estrade réalisé par des tonneaux de bière, en bois, vides supportant un plancher en "basting" avec aux quatre coins, des mâts reliés par une guirlande ainsi qu'un... garde-fou. Je n'ai jamais su le nom des morceaux mis au pupitre mais leur mélodies, que ma cervelle a emmagasinées, ne sont plus jouées aujourd'hui. Est-ce par soucis de  mode ou par manque de talent ?

La "musique" de mon village, pour la sainte-Cécile, organisait aussi en la salle des fêtes, le seul grand bal de l'année : les jeunes s'y rencontraient avec empressement, "faisaient des touches" pour se trouver un flirt, s'enlassaient impunément sur les tangos,... s'amourachaient timidement avant  de s'unir en couple marié, par devant le curé, pour créer une grande famille avec pour rejetons... des petits musiciens qui, dès qu'ils pouvaient enfiler... un "long pantalon" et porter une trompette, entraient dans les rangs de la fanfare ou de l'harmonie, de la "musique" de mon village.

Les temps ont changé ! Mais rien ne m'empêche de préférer le passé !