14 décembre 2010
6. Affreux No Man’s Land
Après les pluies, le brouillard descendait sur une campagne morne sans âme qui vive, avec ses maisons et ses fermes démolies, ses carcasses d’animaux morts dans le No-man’s-land. Au-delà du parapet : le néant ! Même pas l’apparition d’un Allemand…excepté ceux qui étaient morts, gisant encore immobiles dans des positions de repos, à même cette terre froide pour s’enfoncer petit à petit dans l’argile molle extraite des tranchées ennemies et jetées par-dessus leur barbelés.
Les nuits de brouillard cachaient la brillance des fusées éclairantes. A l’intérieur du bois, cette brume se faisant plus épaise, amplifiait le bruissement des arbres givrés, le claquement des chemins en « palettes », des étables, des hangars mais le brouillard tonifiait l’air à la levée du jour !
Sur l’eau boueuse stagnant dans les trous d’obus, le gel provoquait de fines plaques de glace. A l’aide de boîtes de ration en fer blanc vides, on récupérait cette glace pour en préparer le thé. La ration journalière de thé était mélangée à du sucre, dans des sacs. Comme il était agréable aussi de pouvoir s’accroupir dans le bois, autour d’un petit feu. Néanmoins, cette position devenait très laborieuse dans les allées non encore aménagées de rondins. Cette lourde terre glaise collait aux bottines, partout. Mais qu’importe, disions-nous, il vaut mieux être sale plutôt que d’être encore dans cette misérable tempête, dans la pluie et le froid, comme lors des derniers jours de la bataille d’Ypres. Cet épisode du front a marqué nos mémoires !
10:27 Publié dans C'ETAIT CHRISTMAS TRUCE | Commentaires (0) | Facebook
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