31 août 2012
Honneur, aussi, aux gens du STALTON
A la veille de l'ouverture de cette première exposition consacrée au travail de la Terre Cuite, organisée au Home Sacré-Coeur, de Ploegsteert, j'ai le plaisir de présenter une photo tout à fait inédite qui permet de mettre en valeur une catégorie du Personnel qu'on aurait tendance à oublier.
Il s'agit des Ouvriers du "STALTON".
L'événement mis sur pellicule relate, ici, le passage à la retraite de Albert Seynhaeve entouré de ses chefs et de ses collègues de travail. C'était le verre de l'amitié, partagé vers 17 heures, à la fin de la journée.
Au sein du département "Stalton", il y régnait une atmosphère de solidarité dans le travail : on y bossait à partir de 5 heures du mat, en deux équipes. La première, pour démonter et sortir les poutres Stalton fabriquées la veille par la deuxième équipe.
Le bruit, la poussière, l'humidité, l'odeur du béton, la lourdeur du matériaux, le chrono, la cadence à respecter.... Ce travail exigeait courage, force et attention. Tout était manuel, le dos souffrait, pas de temps au bavardage... et les "tire au flanc" n'y avaient pas leur place.
Examinez bien cette photo. Agrandissez-la en cliquant. Vous y reconnaitrez de nombreux Briqu'teux du Stalton à qui nous leur devons un immense respect dans l'humilité dont ils ont toujours fait preuve.
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29 août 2012
Le bombardement du Progrès, à la briqueterie
Des affiches ont fait leur apparition ! Pour commémorer le bombardement du 9 septembre 1943.
Le moment n'est-il pas opportun pour le "Réro-Viseur des Briqu'teux" de publier ce qu'a raconté un témoin de cette horrible journée : Monsieur Joseph.
Le 9 septembre 1943 restera une date péniblement mémorable dans les annales des Briqueteries de Ploegsteert.
Dès 9 h 30 du matin, (ou peut-être en fin de matinée ?) alors que tout le personnel s'affairait à son travail, une quarantaine de bombardiers anglais débouchèrent de l'horizon nord en suivant une ligne de vol vers le sud, par dessus le chemin des Renards. A partir du chemin de la Blanche, ils larguèrent des centaines de bombes jusque la voie de chemin de fer en étalant sur la briqueterie un véritable tapis d'engins explosifs. Guère plus longues que 30 cm, ces petites bombes munies d'ailettes produisaient, en tombant, un horrible sifflement strident que les témoins auditifs, aujourd'hui encore, ont en mémoire.
En touchant terre, ces projectiles de guerre ne trouaient pas le sol ni ne soufflaient les bâtiments mais explosaient en mille morceaux de ferrailles partant ou tous sens, à l'horizontale.
L'objectif était-il donc bien de tuer plutôt que de démolir ? Jamais, l'on ne sut.
Tous n'eurent pas eu le réflexe de se jeter au sol ou de se mettre à l'abri. Certains coururent, d'autres restent figés à regarder cet escadron larguant sa charge meurtrière. Les explosions s'echainèrent à la suite les unes des autres dans un vacarme étourdissant, à un rythme accéléré.
Il est 9 h 32. Une épaisse fumée noirâtre a obscurci le ciel. Plus rien ne bouge... on entend des cris, des hurlements...
Le jeune Joseph De Bruyn qui a vu et vécu ce bombardement se coucha sur le sol, à l'abri derrière un petit muret, non loin du "mélange". Un ouvrier tout à côté de lui, l'imita, en le couvrant même comme pour le protéger. Lorsque le tonnerre aérien fut calmé, Joseph s'empressa d'aller à vélo chercher du secours au Bizet. Il rencontra en route M. Baudrez qui, étudiant en médecine, vint apporter son aide.
Ils rencontrèrent la première victime, un briquetier âgé, Henri Demarez qui portait un sac de ciment. La face ensanglée contre le sol... il était déjà trop tard. La liste des tués s'alongea :
- Alidor Allemeersch, découvert mort entre les hangars de séchage
- Arthur Mareel, défourneur
- Maurice Vanleene, Wervicquois, contre-maître
Dans les champs avoisinants, 15 ouvriers agricoles occupés aux moissons ou récoltes furent également victimes par ce bombardement.
Les dépouilles des victimes furent rassemblées au Couvent des Pères, au Bizet; et enterrées le dimanche suivant au cours d'une douloureuse mais non moins mémorable cérémonie.
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27 août 2012
1938 - La fête de la St-Pierre - 17 - 18 heures.
La tradition voulait que la fête commence après la journée de travail, par une réception des femmes à la "villa" (on en voit une façade latérale, à droite de la photo). Invitées du patron, elles avaient l'honneur de trinquer un bon petit mousseux en sa compagnie ainsi que de son employé M. Maurice Demeulenaere.
Pendant ce temps-là, les hommes se rassemblaient à la cantine (on en aperçoit les annexes à gauche de la photo) tenue par Aloïs Deswarte. Les vélos appuyés contre les barrières témoignent du moyen de locomotion habituel pour l'époque.
Lorsque l'atmosphère s'était bien égayée, à la cantine comme à la villa, tous partaient pour la tournée des cinq bistrots du Touquet, avec pour enseignes, entre autre : "Chez Richilde", "A la Bascule", "Café de la Gare"... "On faisait les cafés" nous a-t-on raconté : une virée peu commune que les hommes parcouraient à pieds tandis que les dames se faisaient conduire en voiture. Quant aux tournées générales, elles étaient toutes réglées par M. R. De Bruyn.
On le reconnait d'ailleurs sur cette photo : dans le fond, à gauche : un homme grand, portant chapeau et pochette au veston. Derrière cet attroupement, on remarque encore deux voitures.
L'apothéose de la fête vint au moment de la mise à feu du "Gugus", un grand pantin fabrqué de chiffons et de paille, suspendu à un fil de fer et un bâton. Durant ce feu de joie des Briqu'teux, hommes et femmes faisaient la farandole au son d'un accordéonniste et de ... Gérard Coutteure, au trombone à coulisse, dans l'ambiance que l'on devine !
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24 août 2012
En égrainant quelques souvenirs !
Poursuivons l'histoire de la Briqueterie en reprenant des anecdotes d'anciens Briqu'teux. Je citerai ici le nom de André Soenen qui, dès 14 ans, en était un. Une carrière complète emplie de souvenirs et de courage.
Le broyeur : La batisse ressemblait à un hangar couvert à deux versants. Des rails montaient vers un "étage" où se trouvait le broyeur. Les berlines étaient hissées à l'aide d'un treuil placé à hauteur. Vides, les wagonnets dévalaient la pente et recevaient alors un chargement de terre broyée en vue de la fabrication. Selon M. Jules Laenen,..."on y broyait, en 1947, à la lueur de lampes à pétrole !"
Au mélange : On y façonnait des briques. Les premières coupeuses à moteur diesel firent leur apparition vers 1932.
Les séchoirs à l'air libre : De longs hangars, bas, de 2 à 3 m de largeur composés seulement ... d'un toit en tôles ondulées. On y entreposait les briques à sécher. A l'abri de la pluie et en plein courants d'air, les briques y restaient pendant plusieurs semaines.
Séchoir à tours : 8 tours en bois recouvertes de feuilles de bitume servaient de bouches d'aération. Six d'entre elles sont l'oeuvre de la menuiserie Bouquillon.
La "machine à dalles" , comme son nom l'indique : on y fabriquait des dalles préssées à sec, avec du schiste d'Ardennes.
Le "stofkot", sobriquet en dialiecte flamand pour désigner l'endroit où l'on stockait les cendres et la poussières résultat de la cuisson des briques. Ce déchet était finalement remis dans la circuit de la fabrication.
Le Chemin de Fer : Cette voie permettait d'alimenter en charbon les deux fours Hoffman. Vides, les wagons étaient rechargés de briques à destination de la Belgique.
On raconte que : "Antérieurement au tracé indiqué sur le plan, la voie rejoignait la gare du Touquet directement par l'ouest en traversant un terrain qui a été acheté par la suite, vers 1930, par une briqueterie concurrente qui démonta les rails sur ses propres terres...pour couper les vivres au Progrès". La briqueterie dut donc se relier au réseau SNCB par le sud en traversant la rue du Touquet.
Au dépôt des façades, on n'en a jamais placé la toiture, de sorte qu'il ressembla toujours à un quadrilatère muré en briques. On y a stocké, toujours à la main, jusqu'à 40 sortes de briques.
L'écurie. Entre le "petit stalton" et le "dépôt à façades" se trouvait une petite ferme où vivait le cheval surnomé "Jules". Epuisé d'avoir trop tiré les wagons de la terrasse, "Jules" est mort en juin 1950.
On racontre que : le "Grand Patron", ancien artilleur sous les armes, se plaisait à conduire avec beaucoup d'énergie, ce canasson parfois un peu récalcitrant ! Amusant... : "Jules" détenait un record pour manger du bon grain. . Evidemment, toutes les poules du Touquet étaient nourries à l'avoine !
Le "petit stalton" fut le bâtiment où l'on fabriqua les premières poutres précontraintes, en 1952. En souvenir : deux petites vibreuses à béton poussées à la main, des "couvercles" posés, la nuit par dessus les tables pour réchauffer le béton et en accélérer le séchage...
La forge, était un petit bâtiment en briques et tuiles rouges, longeant la piste cyclable. : les premiers mécaniciens y travaillaient dans la pénombre, sur de la terre battue !
Le "premier bureau du patron" se situait dans les annexes de la cantine.
La villa : Elle servit uniquement de bureau et portait le n° 228 sur le territoire communal de Ploegsteert. Or, les actuels bureaux sont situés sur le territoire de l'ancienne commune de Warneton et...du côté des numéros impairs de la rue du Touquet. Voilà pourquoi aujourd'hui les Briqueteries de Ploegsteert ont ce N° 228... introuvable !
Réserve à sciure : Jadis, on trouvait de la sciure de bois partout dans la briqueterie.
On raconte que : le "Grand Patron" avait un jour fait une grande réclame... si bien que toute la sciure de Belgique arriva au Touquet. Il fallait bien la stocker quelque part !
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20 août 2012
De vraies locomotives venaient à la Briqueterie !
Sur la photo de Google, j'ai "collé" l'image du plan coloré de la Briqueterie des années 20 - 30, en respectant tant bien que mal l'échelle et... surprise : tout coïncide.
A cette composition, j'ai ajouté une ligne droite, mauve, qui indique l'emplacement de l'ancienne ligne de chemin de fer qui reliait Comines à Le Touquet, cette gare-ci étant le terminus du train pour voyageurs.
En ligne bleue, les voies ferrées qui ateignaient la briqueterie pour le chargement des wagons, emplis de briques à destination de la Belgique.
Les anciens briqu'teux se souviendront que la rue du Touquet comportait un passge à niveau à hauteur des bureaux. Cette voie-là servait uniquement aux manoeuvres des trains : elle permettait aux locomotives de faire demi-tour pour repartir vers le réseau belge.
C'est aussi simple que cela... Ce qui a déterminé de l'implantation de toutes les infrastructures des Briqueteries et de Ceratec. (Un clic sur l'image pour agrandir)
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19 août 2012
Examinons l'implantation !
Ainsi donc, au vu de la photo de la note précédente, un wagon de chemin de fer se faisait charger de briques, au beau milieu de la briqueterie !
Comment cela se fait-il ?
C'est précisément le tracé de cette voie ferrée de la Société des Chemins de Fer Belge qui a décidé de l'implantation de tous les bâtiments actuels.
En voici l'explication :
Examinez...
Explications : à la note suivante !
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17 août 2012
Et si les anciens briqu'teux revenaient aujourd'hui !
La photo présentée précédémment datait des années 20 ! Un document précieux qui mérite qu'on l'examine attentivement.
Rien que pour le plaisir de s'imaginer comment "c'était dans l'ancien temps !"
L'angle de vue est nord-sud, et, dans le coin droit, le bâtiment dans le fond n'est autre que l'estaminet qui servait de cantine. La route du Touquet, invisible, devait se situer derrière l'Homme, debout, qui n'était autre que "Le Grand Patron".
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15 août 2012
Les PROGRÈS naissent...
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10 août 2012
Rémi De Bruyn, le "Grand Patron" était...
ll a trente ans, quand M. Rémy De Bruyn débarque au Touquet pour se lancer dans cette briqueterie qu'il avait lancée quelques temps auparavant avec son beau frère.
L'image qu'il la laissé aux anciens briquetiers de son époque est celle d'un homme, de grande taille, au caractère fort et animé d'un coeur généreux. Exigeant dans le travail de son personnel, il pouvait décider de congédier un ouvrier séance tenante pour... le lendemain, revenir sur sa décision, en le remettant au travail. Son autorité égalait sa générosité, c'est la raison pour laquelle tous les ouvriers qui, avec lui, ont gagné leur croute, respectaient leur "Grand Patron" dont la mémoire collective retiendra aussi son allure fière, son chapeau à large bord et les gettrons qui lui permettaient de marcher dans la boue.
Sa briqueterie fut toute sa vie. Jusqu'à l'acquisition de sa première automobile, il s'y rendait, tous les jours en train (Ypres-Comines et Comines-Touquet) puis en vélo et plus tard, en motocyclette. Sa présence y était indispensable pour mettre en place les premières installations qui détermineront toute l'implantation future des usines actuelles.
On se souviendra de la visite importante en + 1933 du Gouverneur de la Flandre Occidentale, M. Baels, qui fut le père de la princesse Liliane, deuxième épouse du roi Léopold III. accompagné d'un doyen, de M. Charles Van Reninghe, du curé du Bizet et de MM. Pierre De Simpel et Robert Lepoutre.
Vers 1950, M. Rémy De Bruyn décida d'un voyage d'affaire en Suisse avec le ferme espoir de revenir, comme il le dit lors son départ : "...avec la fortune". Il y acheta un brevet : celui du plancher précontraint STALTON. Quelques temps plus tard, de l'atelier de fabrication financé par les propres deniers des actionnaires, sortirent les premières poutres précontraintes.
- "Vous croyez que ça va marcher ?" lui demanda-t-on à l'époque ! L'avenir donna la réponse !
1953 ! La vente du plancher préfabriqué ne peut se faire sans, qu'au préalable, les poutres et les hourdis ne soient calculés avec précision. Le bureau d'études démarre avec l'arrivée de M. Joseph De Bruyn, jeune ingénieur civil. Pour l'aider : une première embauche, celle de M. Jean Delanghe.
Le 30 janvier 1964, après une relativement courte maladie, M. Rémy De Bruyn décède, à Ypres, âgé de 67 ans. Son fils Joseph prendra alors la direction de l'entreprise.
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06 août 2012
Après le désastre de 14 - 18,...le "Progrès" commence !
Essentiellement agricole, ce quartier perdu de l'ancienne ville de Warneton n'était connu que pour les deux moyens de communications qu'il offrait à ses habitants :
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Sinon,... le bled... avec pour horizon : des charrues qui labourent les champs; des vaches qui broutent dans les prairies grasses, humides et argileuses.
La terre est surtout lourde ! Donc propice à la travailler plutôt de la cultiver.
1914-1918. Quatre ans de guerre et de tourmente anéantiront toute la région qu'il faudra, au retour de ses habitants qui se sont réfugiés en France, reconstruire les villages, les maisons, les églises.
1925. A l'initiative de Tournaisiens, une petite ferme sise le long du chemin des Renards se mue en une très rudimentaire petite briqueterie de campagne (voir une lettre d'époque). L'expérience sera très éphémère car une faillite viendra clore l'activité. L'embryon de cette briqueterie est aussitôt repris par un certain M. R. Elslander, originaire d'Alost, et qui hélas, n'aura guère l'occasion de mener à bien son projet. Il décède très jeune, un 24 mai 1928et, ce sera son associé et beau-frère aussi, M. Rémy De Bruyn qui prendra la relève pour le remplacer et faire tourner cette briqueterie dans laquelle ils avaient, tous deux investi. Rémy a foi dans l'avenir que représente la brique, il prévoit que la demande en sera grande et abandonne son métier initial de ferailleur pour se consacrer entièrement à la fabrication de brique.
1927. Cette rudimentaire petite briqueterie du Touquet baptisée "Briqueterie du Progrès" aura pour actionnaires : Mr Remy De Bruyn, pour une moitié, plus MM. Pierre de Simpel, Charles et Robert Lepoutre de Warneton, pour l'autre moitié.
Ainsi sont les débuts d'une belle et grande entreprise...
Du haut d'une cheminée, voici une photo du Touquet, avec la maison de Henri Vandamme, la menuiserie Bouquillon, le gare de marchandise du Touquet. Sur le champ, à l'avant plan, le batiment Brimo fut contruit en 1963. Aujourd'hui, ce même bâtiment fait l'objet d'impressionnantes transformations qui permettront à la société Ploegsteert, de produire un tout nouveau produit dans le domaine de la construction. Mais là... wait and see ! Quand le moment sera venu !
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