29 décembre 2010
En prélude aux Voeux de Bonne Santé pour 2011
A tous ceux qui visitent mon blog régulièrement et à qui je veux présenter mes sincères Voeux de Bonne Santé pour l'Année 2011, puis-je proposer une superbe Vidéo qui vous réchauffera le coeur en vous mettant de Bonne Humeur... surtout après ce mois de décembre enneigé et consacré à la Christmas Truce.
Bon réveillon à tous !
Et portez-vous bien !
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26 décembre 2010
16. Fini la Trêve... Ils doivent reprendre le combat !
Mais, au soir du dernier jour de 1914, après avoir traversé le No man’s Land, un caporal saxon fort poli vint nous apporter un message pour nous avertir que le staff des officiers de son régiment allait venir vers minuit dans leurs tranchées avec leur pistolet automatique et qu’ils tireraient au-dessus de nos têtes. Nous sommes donc bien restés à couvert pour éviter de regrettables accidents. A 11 heures, ce soir-là, -car ils utilisaient l’heure locale berlinoise – nous vîmes la flamme de plusieurs armes Spandau en action ; les balles sifflant au dessus du No Man’s Land.
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J’avais noté les adresses de deux soldats allemands à qui j’avais promis de leur écrire après la guerre. J’émis aussi vaguement l’idée naïve que les gens en Allemagne devaient savoir ce que tous les soldats avaient enduré et souffert.
Que des deux côtés du front, nous partagions la même idée à propos des raisons réelles et du bien-fondé de ce conflit.
Qu’il fallait faire savoir que cette Trêve de Noël aurait dû pouvoir s’étendre à tout le front au lieu d’avoir imposé à nouveau le mépris et la haine.
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J’étais encore très jeune, mais je me suis porté volontaire après l’information de la retraite de Mons, un dimanche de la 3e semaine d’août 1914. A Londres, le colonel de notre bataillon avait déclaré que le Corps Britannique Expéditionnaire de l’Armée régulière s’était trop réduite après ce recul de 90 miles, usant autant les hommes... que les bottines ! Qu’il était affreusement urgent de pourvoir l’aider !
Maintenant que le Nouvel An est passé, le gel est encore toujours présent, avec ses minuscules cristaux de neige blanchissant tout :
les barbelés, les tombes, les trous d’obus !
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De nouvelles fusées éclairantes voltigent dans le ciel pour éblouir le No Man’s Land afin de mieux cibler les rafales des mitrailleuses, pour mieux pointer l’objectif des tirs d’obus !
La pluie s’est mise à tomber sur la plaine de Flandre tandis que nous nous occupons, maintenant de préparer l’attaque du printemps prochain !
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23 décembre 2010
15. "CHRISTMAS IN THE TRENCHES", pour nous, francophones !
L'histoire de la Nativité... c'est une belle histoire. On peut l'aimer et/ou ne pas la croire !
Mais, l'histoire de la Trêve de Noël, vécue dans les tranchées en 1914, est encore plus belle quand elle est chantée.
Un Noël de Paix, tel est mon souhait, cette année ! (... pour précéder celui de qui vous savez...)
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22 décembre 2010
14. Echanges d'impressions après la bataille !
A cette occasion, j’appris encore que l’assaut massif allemand à travers les bois et les champs du saillant, durant la dernière phase de la bataille d’Ypres, avait été menée par des jeunes volontaires, la main dans la main, en chantant, avec un seul fusil pour trois soldats. Ils avaient été « touchés », après le manquement de la garde prussienne, l’élite du Corps de Garde, inspirée du modèle des fameux soldats de Napoléon, pour casser nos lignes. Le comble à entendre : « Vous avez trop d’armes automatiques dans vos lignes, cher ami anglais ! »
En réalité, nous n’avions que peu d’armes lors de cette bataille, les Allemands s’étaient mépris sur leur nombre. Tous les bataillons d’infanterie avaient été équipés de deux mitrailleuses du même type que celles utilisées durant la guerre de Sud-Afrique en 1902. Cependant, une exception :
le 14e bataillon du « London Regiment » qui avait acheté, a ses frais avant la guerre, deux « Vickers Gun ». Mais celles-ci ont également été perdues pendant la bataille.
Les Allemands se firent une autre illusion en croyant que nous avions d’importantes troupes en réserve rassemblées dans les bois. Si seulement ils avaient su que nous étions peu de réserves, incluant même la division indienne avec ses soldats en turbans, grelotant de froid !
La trêve dura quelques jours dans notre secteur de la crête de Messines.
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21 décembre 2010
13. Seul, Dieu le connait !
Un des Saxons, lunettes sur le nez, se contentait de rester seul, à fumer sa brosse pipe d’écume. Il ressemblait à un personnage de BD : «Hun ». Le fourneau blanc de sa pipe représentait le visage à casquette de « Little Willie ». Il remarqua mon regard vers sa pipe, qu’il retira de la bouche pour me dire tranquillement : « Kronprinz, Prachtiger Kerl » avant de la resserrer entre les dents. « Prachtiger Kerl » signifiait « bon ami » ou « gentil camarade ». Evidemment, pensai-je, leur prince héritier l’est à leur égard comme le prince de Galle l’est envers nous !
« Tiens donc, voilà l’efficacité allemande » je notais deux boutons en aluminium là où nous n’en avions qu’un seul en cuivre sur le pantalon.
Des hommes creusaient des fosses pour y enterrer des victimes déjà raides Tous ces morts étaient recouverts de l’emblème allemand rouge-noir-blanc. Quand la fosse fut remblayée, un officier y récita quelques prières tandis que les camarades l’écoutaient avec respect, en tenant leur bonnet dans la main gauche.
Moi-même, je fis de même, j’ai retiré mon passe-montagne en guise de recueillement. Lorsque la mise en terre fut terminée, quelqu’un écrivit sur une grossière croix de bois faite avec les caisses de rations, en allemand : « Hier Ruht In Gott fin Unbekannter Deutscher Held »
« Ici repose, avec Dieu, un soldat inconnu allemand »
J’en avais bien compris la signification : ils font la même que nous, avec des croix dans le petit cimetière, à l’intérieur du bois.
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20 décembre 2010
12. Cessons de nous tirer dessus !
De retour dans le bois, nous n’en revenions pas de ne pas avoir été pris pour cible. Ce qui était merveilleux : il n’y avait plus de boue ! Magnifique : on marchait facilement à pieds secs dans les chemins ! Et de plus, on pouvait enfin s’endormir !...
Le miracle se poursuivit par ces petites lumières dorées qui scintillaient dans ce matin givré de Noël. Bizarrement, ma nostalgie chronique et mon vain espoir de rentrer à la maison, avaient disparu.
Le postier arriva pendant que je faisais frire mon déjeuner : du bacon placé à côté des brindilles incandescentes qui réchauffaient également ma gamelle remplie de thé sucré. Il nous apporta des boîtes métalliques contenant du tabac, des biscuits de l’armée ayant la même forme et le même goût que les biscuits pour chien. La fourniture de tabac équivalait à cinq cigarettes ou de quatre bourrages de pipes par jour. Certes, ce n’était pas la ration « d’urgence » mais bien celle du « confort des troupes ». Je remarquai aussi quelques journaux et aussi un paquet-cadeau pour chaque soldat, offert par la Princesse royale : une boîte en laiton contenant du tabac et des cigarettes, marquée de l’effigie en relief de la princesse Mary.
« Je l’enverrai à ma mère, en souvenir » pensai-je aussitôt.
« Il y en a des centaines, là-bas » remarqua près de moi, un soldat en kilt.
Face à face
Je marchais à travers les arbres et des fragments d’obus éclatés (des J.Johnsons, tels qu’on appelait ces armes allemandes de 5,9 pouces) du No Man’s Land, quand soudain, je me suis trouvé en face de soldats allemands, tout habillés de gris avec des bottes de cuir aux pieds, ce qui pour moi me paraissait inconcevable. De plus, parmi eux, certains souriaient en parlant anglais. La plupart d’entre eux étaient plutôt maigres, au visage blême ; ils portaient des lunettes ou un bouc sous le menton ! Ils étaient tête-nue ou coiffés d’un bonnet rond gris avec une bande rouge tout autour.
Chacun portait deux boutons blanc-noir-rouge, ressemblant à de minuscules cibles de tir à l’arc : les couleurs de l’empire germanique.
Parmi ces Saxons, d’autres plus robustes, ne prenaient pas part aux conversations et regardaient la scène à distance. Ils avaient le visage écarlate. Leur tunique et leurs bottes étaient crottées de boue sèche. Certains avaient un écusson en velours vert à l’épaulette. A en juger par le nombre de rangs formés par ces Allemands debout, je pus conclure qu’ils avaient creusés au moins trois lignes de tranchées espacées de 200 yards, derrière la première ligne de front.
Cela démontre, disait l’un d’entre nous, de combien d’hommes ils disposent ! Comparé à nous, nous n’avons qu’une seule ligne de tranchées, toutes les autres ne ressemblent qu’à de piètres fossés. Et il dit encore : « Regardez-moi ces fourragères à l’épaule de ces gaillards : Ce sont les tireurs d’élite ! »
C’est ce que m’ont dit des Saxons qui détestent les Prussiens. « Tuez les tous, disait l’un d’eux, et nous aurons la paix ! Oui, mon père a toujours été contre la Prusse ! »
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19 décembre 2010
11. La grande trouille
Après que le chef du peloton, un garçon courtois, dans toute la jeunesse de ses 20 ans, venant de Cambridge, nous ait aimablement tracé les grandes lignes de l’opération, il nous invita à poser des questions. J’osai dire que le bruit provoqué serait entendu. Un silence s’installa ! Mais, comme c’étaient des ordres venus d’en haut, ils devaient être exécutés. En sortant du bois, j’eus une première peur mais ne fus pas vraiment effrayé.
Tout était tranquille et calme sur le front. Pas de fusées, par de coups de fusils. Aucune détonation.
Rapidement, nous nous habituions au clair de lune, une lumière qui rendait la vie et les mouvements presque irréels. On s’en alla à ramper vers les abris, deux par deux. L’un pour tenir, l’autre pour taper. D’autres préparaient le fil de fer à dérouler de son axe. Avec trois autres hommes, nous avons suivi le commandant du peloton vers l’hangar en bois goudronné afin d’y décrocher les fils tendus supportant le tabac que nous avons d’ailleurs laissé sur place.
Toujours aucun coup de feu tiré. L’impensable avait pris une tournure ordinaire : nous parlions en travaillant, sans précaution aucune, tandis que les heures nocturnes passèrent normalement. La lune descendait doucement derrière la cime des arbres, derrière nous. Chacun de nous nous semblait être devenu des fantômes, chacun suivi de son ombre. Après quelques instants de quiétude sur le front, j’ai aperçu au dessus de la ligne allemande, une lueur étrange, de curieuses lumières accrochées à un piquet planté sur leur talus. Mais quelle était donc cette lanterne ? Je n’en savais rien. Cela faisait partie de ces mystérieuses impressions ressenties lors de ces nuits silencieuses et glaciales à peine éclairée par une lune faiblarde. Le travail me réchauffait, et tout mon corps était fébrile, non pas chaleur mais de bonheur.
Soudain, une voix s’éleva de la tranchée ennemie : « Hoch, hoch, hoch ! » Tout comme mes camarades soldats, je me suis reculé et accroupi, j’ai épaulé mon fusil. Puis, plus aucun bruit ne se fit entendre. On s’est regardé, relevé, parlé. A nouveau, d’autres voix provenaient de l’autre côté de cet espace noir du No Man’s Land. Il nous semblait apercevoir au loin des hommes passer sous ce point de lumière, sur le parapet. Stupéfaits, nous vîmes qu’ils y plaçaient un arbre de Noël ! Et tout autour, des Allemands qui parlaient, riaient, en se remontant le moral par des « Aah, aah, aah ! »
Notre chef de peloton qui allait d’un groupe à l’autre durant notre mission, regarda sa montre : « Il est 11 heures. Encore une heure et nous serons de retour ! »
« A Berlin, il doit être minuit ! Joyeux Noël à vous tous ! »
Je me suis dit que c’était beaucoup mieux d’entendre cela ! Puis, du côté allemand, une belle voix de baryton se mit à chanter une mélodie que ma nourrice Minne me fredonnait après ma douche, avant d’aller au lit. Elle avait été servante chez ma grand-mère allemande, de la famille Lune de Hildesheim.
« Douce nuit, sainte nuit… » Impressionnante, cette voix dans la nuit, à la fois grave et suave, qui résonnait dans le brouillard glacial ! C’était comme si un nouveau monde apparaissait au milieu de ce cauchemar, un monde plus beau encore que celui que nous avions quitté d’Angleterre !... Sauf pour ces merveilles musicales ou ces sorties printanières en bicyclette à travers le Kent et le Bedforshire.
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18 décembre 2010
10. Le vent de la peur... sur l'état tampon !
Ce vent de la peur, qui siffle plus fort que n’importe quelle bise, se propagea sur tout le front Ouest européen : depuis la mer du Nord jusqu’à la barrière des Alpes. Il envahissait les marais drainés aux alentours d’Ypres,
il s’attaquait aux désolantes berges du canal de Comines, il s’agitait sur le plateau de Wytschaete, pour envahir la colline de Messines ; il glissait alors vers la plaine d’Armentières pour se diriger vers les mines de charbon et les terrils de l’Artois et traverser ensuite les terres calcaires de Picardie.
Le vent de la peur, tantôt s’amplifiait, tantôt mollissait, affaibli au-delà de la grande forêt de Argonne. Il inquiétait partout des hommes apeurés, rassemblés en masse. Enfin, quand il rencontrait les étendues neigeuses, les ravins, les torrents, les rochers, ce vent de la peut s’arrêtait devant la constellation d’Orion, comme un cocktail de pierres précieuses scintillant devant l’espoir des hommes.
Il faisait encore plus glacial, la veille de Noël. Nous avions été prévenu du péril à s’aventurer entre les lignes du No Man’s Land, pour aller renforcer des postes avancés, disposés en zigzag tous proches de la ligne allemande. En effet, des chicanes de barbelés devaient être remises en ordre. A proximité d’une grange, un appentis servant de séchoir de feuilles à tabac suspendues devait disparaître aussi car il gênait la vue en cas d’attaques.
Mais quel risque ! Cela pourrait faire démarrer les mitrailleuses. Cette idée géniale provenait du commandant de brigade afin de préparer une attaque imminente en décembre. C’était comme si quelques hommes amèneraient des paillasses remplies de paille, à poser sur les barbelés afin de les franchir. De même que l’idée de se mettre à casser la glace collée au sol des postes avancés ; Et tout ceci en pleine lune, à 40 yards devant les Allemands !
(cliquez sur la carte ci-dessus pour examiner le "Western Front")
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17 décembre 2010
9. L'enfer du Western Front
L’assaut des hommes, hurlant au visage conquérant, démarra sous un tir soutenu d’obus à fragmentation de 18 livres qu’envoyaient les canons. Des corps pataugeaient au milieu d’un véritable bourbier, encombrés aussi de carcasses puantes de vaches crevées et des corps de bien malheureuses victimes. Les hurlements rauques de peur exprimaient la rage, tandis qu’aussitôt, sur la ligne britannique, des obus tombèrent l’un après l’autre dégageant une fumée jaune, âcre de lyddite, comme celle utilisée durant la guerre des Boers en 1902. L’ordre arriva pour notre compagnie de passer à l’attaque à notre tour. Des survivants revenant vers les bois, percés et couverts de terre, l’uniforme déchiré par les barbelés, trébuchaient en nous croisant. Lorsqu’ils s’étaient éloignés du front, après avoir échappé à la mort, une voix de baryton se mit à entonner une chanson d’espoir en faveur de la Paix !
« Ils ont été formidables, fit remarquer un sergent, joueur de rugby en Angleterre ». Oui, car ils étaient motivés, je crois. Et surtout euphoriques et diablement pressés afin de pouvoir… dormir, dormir, dormir !
Bien que la maison « Sniper’s house » fut conquise, l’attaque suivante fut un échec à cause des barbelés allemands.
Un gars entendit plus tard que notre colonel protesta contre le déroulement de cette offensive livrée par notre compagnie. Après quoi, dans la revue « Corps Intelligence » ou dans « Comic Cuts », on put lire que notre attaque avait été commandée pour venir en aide… aux Russes fortement menacés sur le front de l’Est.
Sceptiques, nous en avions ri, mais fut une désillusion à propos des Boches, ces bouffeurs de saucisses.
La nuit ne me faisait pas peur et j’avis pris l’habitude d’aller me balader seul, dans le No Man’s Land, pour ressentir une relative liberté. Une nuit, je m’étais même assis près des barbelés allemands quand une fusée suivie d’autres sifflèrent juste devant moi, tandis qu’une mitrailleuse se mit à tirer avec fracas dans ma direction : les balles sifflaient juste au-dessus de ma tête.
Quand ces tirs des balles traçantes arrosaient toute la plaine, nous savions qu’ils ne préparaient pas d’attaque, mais plutôt qu’ils en craignaient une émanant de notre part. C’était à vrai dire un relatif soulagement. Le ciel m’apparut alors illuminé de splendides blancheurs qui me faisaient songer à la mort.Dans un souffle, le feu surgit par étincelles jaune-rouge brillantes tout le long du saillant d’Ypres : les balles fusent, sifflent, claquent par-dessus les nombreux cadavres qui, tout doucement, se font absorber par la terre de Flandre.
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16 décembre 2010
8. Officiers ou Soldats ?
Nous avions reçu une peau de mouton pour nous protéger. Cela signifiait-il que le bataillon était promu en corps d’élite ? Que nous n’aurions plus d’attaque avant le printemps prochain ? Cette fourrure cousue de bandes blanches et jaunes croisées nous protégeait le torse. Officiers et soldats, on se ressemblait tous !
Sauf pour les hauts gradés que l’on reconnaissait à l’expression hautaine de leur visage, ou leur stick coincé sous l’épaule. Par contre, les officiers supérieurs portaient des bottes à lacets qui leur montaient jusqu’aux genoux J’avais même pensé de demander à mon père de m’en envoyer une même paire . Mais le dégel s’annonça pour la 3e semaine de décembre, ce qui, hélas, nous ramènerait cette misérable boue. De plus, avec une grande appréhension dissimulée, un ordre nous parvint : une offensive à travers le No Man’s Land vers les lignes allemandes serait programmée pour le 2e jour après la nouvelle lune. Nous servirions de support.
La compagnie se trouverait au coin du bois, prête aux corps à corps pour supporter le bataillon régulier des « Rifle Brigade ». L’objectif était une maison du No Man’s Land appelée la « Snipers’house » et à partir de là, en avant vers une portion de ligne ennemie qui pouvait prendre dangereusement en enfilade nos tranchées.
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15 décembre 2010
7. L’agonie de l’hiver.
A l’approche de Noël, durant un après-midi, un froid glacial vint s’installer subitement sur la région pourtant calme. Au milieu de la nuit, tout était gelé à pierre fendre : les arbres comme les bunkers, les sentiers et même les sentinelles abritées de leur cagoule et leur capote. Parmi les soldats dernièrement arrivés, certains ne pouvaient s’empêcher de pleurnicher. Seuls les anciens soldats qui avaient chapardé des sacs de jute et de la paille à la « Inniskilling farm » juste à proximité du bois, pouvaient y enfoncer leurs bottines pour se protéger du froid. Ceux-là restaient calmes et réussissaient à dormir.
Couché à l’extérieur, près de l’entrée d’un bunker, un homme qui ne s’était pas protégé les pieds, souffrait tellement qu’il agonisait. Un autre, soudain, se leva et alla en clopinant sur un pied voir une fusée lancée par-dessus les arbres.
La seule bonne chose à faire était d’allumer un feu et d’y faire bouillir de l’eau pour boire un « nestlé-café au lait ». Heureusement, beaucoup de branches cassées, d’un bois encore vert trainaient par terre et convenaient quand même pour brûler.
Combien d’heures d’insomnie avons-nous passé à souffler et à éventer ces petites braises qui crépitaient ?
Aussi vite que je m’asseyais ou que je me levais pour battre des bras afin de me réchauffer, la lueur rouge du petit feu faiblissait. La fumée me piquait aux yeux. Les flammes disparaissaient dès qu’on cessait de ventiler. Emmitouflé de mon manteau tout boueux et rigide comme du carton, j’avais les bras frigorifiés dans les manches durcies comme des drains. A nouveau, je tentai de m’endormir mais la douleur m’en empêchait ; je me suis trainé à l’extérieur pour respirer l’air pur tandis que la mitraille continuait de claquer dans les arbres givrés. J’avais soif ! L’eau de ma gourde était gelée aussi. Après l’avoir mise près du braséro, elle commença à suinter et à pisser. Tous les autres bidons gardés près des fusils et des équipements connurent le même sort.
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14 décembre 2010
6. Affreux No Man’s Land
Après les pluies, le brouillard descendait sur une campagne morne sans âme qui vive, avec ses maisons et ses fermes démolies, ses carcasses d’animaux morts dans le No-man’s-land. Au-delà du parapet : le néant ! Même pas l’apparition d’un Allemand…excepté ceux qui étaient morts, gisant encore immobiles dans des positions de repos, à même cette terre froide pour s’enfoncer petit à petit dans l’argile molle extraite des tranchées ennemies et jetées par-dessus leur barbelés.
Les nuits de brouillard cachaient la brillance des fusées éclairantes. A l’intérieur du bois, cette brume se faisant plus épaise, amplifiait le bruissement des arbres givrés, le claquement des chemins en « palettes », des étables, des hangars mais le brouillard tonifiait l’air à la levée du jour !
Sur l’eau boueuse stagnant dans les trous d’obus, le gel provoquait de fines plaques de glace. A l’aide de boîtes de ration en fer blanc vides, on récupérait cette glace pour en préparer le thé. La ration journalière de thé était mélangée à du sucre, dans des sacs. Comme il était agréable aussi de pouvoir s’accroupir dans le bois, autour d’un petit feu. Néanmoins, cette position devenait très laborieuse dans les allées non encore aménagées de rondins. Cette lourde terre glaise collait aux bottines, partout. Mais qu’importe, disions-nous, il vaut mieux être sale plutôt que d’être encore dans cette misérable tempête, dans la pluie et le froid, comme lors des derniers jours de la bataille d’Ypres. Cet épisode du front a marqué nos mémoires !
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13 décembre 2010
5. A l’approche de nos tranchées
Notre compagnie de garde s’avança par le chemin et atteignit la lisière du bois de laquelle on pouvait déjà distinguer le parapet des tranchées allemandes, éclairées ça et là.
Notre tranchée se situait juste à l’intérieur du bois et, dieu merci, n’était pas inondée. Devant les cagnas montés en sacs de sable, les occupants debout, attendaient la relève. Une bien chose pour eux !
Dès lors, une période de 8 jours commença pour la 1ère Compagnie : deux jours dans les tranchées, suivis de deux jours à l’arrière en « réserve », puis deux dans les bois en soutien, puis à nouveaux deux dans les premières lignes.
Tout cela n’avait rien de rassurant : le danger était permanent. Le sifflement incessant des balles éveillait autant notre curiosité que la crainte d’être pris pour cible par un tireur posté là-bas, à l’affût. Il fallait aussi assurer le travail en tranchées: terrassement durant la journée, réparation du parapet, les corvées nocturnes dans les bois, tant que la météo le permettait. Une tranchée très bien réalisée devait disposer d’un parapet en sacs de sable et même de meurtrières. Elle s’étendait sur une longueur de 45 m et son sol était recouvert de boîtes de « bully-beef » non ouvertes, provenant des stocks planqués dans les bois et qui avaient été éparpillées un peu partout par ceux qui avaient installé les chemins en rondins. Ceux-là étaient des volontaires, pas encore très barbus pour le moment mais qui avaient les orteils dépassant de leurs godasses. On les avait prévenus qu’un mégot de cigarette jeté le long du chemin était une faute sévèrement punissable.
Toutes les tranchées avaient pourtant été bien creusées et soigneusement consolidées, mais la pluie ruisselant sur l’argile jaune ne manqua pas de tout abîmer. On était trempé jour et nuit et notre capote pesait le double par la boue qui y collait. Lorsque l’eau nous arrivait à la ceinture, ne disait-on pas ironiquement : « On s’est engagé pour cela ! ».
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12 décembre 2010
4. A travers bois
Mais ce triste soir de décembre s’acheva lorsque le 1ère Compagnie approcha de ce bois obscur aux arbres nus. Nous empruntions un bon chemin en dur mais bosselé qui s’avançait au milieu des arbres. Attention aux entorses ! Mais il était quand même confortable d’y marcher après les champs de boue traversés précédemment. C’était comme si nous marchions sur une échelle irrégulière et large faite de bâtons sciés et liés les uns contres les autres, attachés à de grosses branches de chêne.
Les fusées éclairantes allemandes furent lancées en l’air, des belles ombrelles crépitèrent. A chaque détonation, les nouveaux arrivés se penchaient la tête, tandis que les anciens du bataillon initial se baladaient bien droit, marmonnant parfois : « N’ayez pas peur, les gars ». Le Les anciens leur avaient donné le même conseil, quelques semaines auparavant.
Nous arrivions à une croisée de chemins dans les bois tandis qu’un faisan se mit à caqueter en s’envolant à côté de nous. Des bunkers bien camouflés dans les arbres, des lueurs de brasiers apparaissaient. C’était très réconfortant. Des soldats, en passe-montagne de laine et casqués y trainaient là.
« Quoi de mieux qu’ici, camarade ? » était l’inévitable question. « Pépère ! » était la réponse, tandis qu’on s’allumait une cigarette. La scène se répéta et l’on se sentait chaque fois très heureux à côté de ces braséros remplis de coke en feu.
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11 décembre 2010
3. Retourner vers les lignes
L'après-midi suivant, le sergent du peloton alla de logement en logement donner l’ordre : il faudra monter vers les lignes le soir même.
La lune rougeâtre traversait le ciel. Elle nous rappelait l’intérieur des bistrots, les pavés argentés, les façades colorées de la Grand-Place.
Un halo vaporeux entourait ce dernier quartier de lune. Un vent humide soulevait les toiles de tentes qui enveloppaient soldats et barda. Soufflant de sud-ouest, il apportait aussi la pluie sur la sombre plaine des Flandres : ce qui nous empêchait de penser encore à quelques bons souvenirs.
Nous marchions le long d’une route bordée de peupliers dont les branches se découpaient devant l’horizon désolant de la ville d’Ypres bombardée. Tout en avançant, alors que la tempête soufflait violemment, le ciel s’illuminait d’éclairs, la nuit grondait sous les coups de canon.
Finalement, on s’arrêta pour enfin écouter une bonne nouvelle : la compagnie serait « de réserve » ce qui nous permit de nous loger dans des étables ou des bâtiments de ferme au toit de chaume. Hélas… ce soulagement cessa lorsque le commandant précisa que nous prendrions part à la ligne du front dès le soir suivant.
« Les Allemands, disait-il, ont attaqué plus bas, au sud. Ce qui fait que nous devons rester dans la brigade de réserve. C’était pourtant un secteur calme du front, mais, par des feux de diversion, l’armée a pu soulager la pression.
« Chouette », nous nous sommes dit, en pénétrant dans nos logements pour dormir sur un plancher. De pouvoir se chauffer auprès d’un grand foyer ! C’est bon pour la troupe !
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10 décembre 2010
2. L’inspection par le Roi
Durant la 1ère semaine de décembre 1914, l’ Roi Georges V, empereur,
vint à St-Omer (dans le nord de la France) au Quartier Général de la Force Britannique Expéditionnaire. Ainsi donc, l’ordre avait évidemment été donné à toutes les unités de se préparer pour cette inspection royale.
Le roi, en uniforme de campagne, chaussé de bottes à éperons dorés, portant une barbe brune et poches sous les yeux, était accompagné de Sir J. French, maréchal de campagne suivi d’autres officiers. Il passa l’inspection des soldats muets, au regard vide. Ceux-ci entendaient bien ce que le roi, de sa voix grave, disait aux officiers ! On était bien loin de la réalité du terrain.
Derrière lui, le prince de Galle avec son énorme moustache, suivait dans un uniforme impeccablement propre. Il sortait de lot et n’avait d’yeux que pour lui-même. De sa mince silhouette, le Prince, en tenue de grenadier, semblait chercher quelque chose au-delà de la réalité immédiate : un visage insignifiant dans l’ombre de son père.
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09 décembre 2010
Voici le début de la narration de Henry Williamson
1. Après le 19 décembre…
La première Bataille d’Ypres avait pris fin ! Les pluies diluviennes de la 2e semaine de novembre en avaient décidé ainsi. Notre bataillon, le « London Regiment Territorials » rentrait en repos, oubliant quelque peu les soldats tués, gisant immobiles entre les lignes allemandes et britanniques sur cet affreux champ de bataille.
« Repos » ne signifie rien d’autre : « fini les fatigues, fini le transport des cadavres ». Il sous-entend aussi : lettres et colis envoyés de la famille, souvenir des nuits folles dans les estaminets d’ Hazebrouck à boire du café-la-goutte, à fumer comme des pompiers, à rigoler à l’unisson.
Après certainement 48 heures d’une marche qui ne menait nul part, et autant pour le retour, de nouvelles têtes remontaient de la base.
D’après ce que l’on disait là-bas, au pays, cette guerre semblait n’être qu’une série d’explosions, avec leurs détonations sourdes secouant l’horizon en éclairant la plaine, les bois, les champs cultivés, gorgés d’eau par les ornières.
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08 décembre 2010
Dis, raconte-moi cette fameuse Trêve de Noël !
A Comines-Warneton, et plus spécialement à « Plugstreet », on connaît bien Bruce Bairnsfather qui a largement raconté la Pacification de Noël 1914 sur le front de St-Yvon. Un autre soldat britannique, moins connu, Henry Williamson, a narré son vécu du fameux mois de décembre 1914 dans un récit écrit en anglais que j’ai traduit avec un maximum de fidélité. Cette Trêve de Noël l’a profondément marqué, et durant toute sa vie, il a voulu témoigner et poursuivre le “Devoir de Mémoire” qu’il s’était promis de divulguer au lendemain de ce terrible hiver 1914.
Pour terminer l’année 2010 avec le souhait que cette Pacification entre belligérants puisse un jour se répéter et faire tomber les armes , je vous propose de lire les différents épisodes de ce « Rétroviseur » spécial Noël 1914.
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02 décembre 2010
Ploegsteert, terre à Champions (dixit : Emile Menu)
Voici le dernier épisode de ce championnat de Marche Athlétique disputé au Bizet, en 1990.
Le citoyen de Ploegsteert, Godfried De Jonckheere, décrochait le titre national pour le 25e, 27e fois ?
S'était-on habitué, à Ploegsteert, de ces honneurs pour lesquels la population devenait peut-être indifférente ?
En tout cas, Godfried nous a dit à l'époque : "Tant qu'on est le meilleur, on a droit à ce titre !"
L' E.A.H. qui avait organisé ces Championnats de Belgique peut, aujourd'hui, formuler beaucoup d'espoirs avec... l'arrière petite-fille de celui qui nous a inventé le dicton, en titre !
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